Qui sommes-nous avant de naître ? – Dr Roger Bessis

Publié le 31 Juil, 2007

La reproduction bouleversée

 

Avant, tout semblait simple : la reproduction était le résultat de la sexualité et le fœtus se développait dans le mystère du ventre maternel. Rompant avec des millénaires d’inconnu et de fatalisme, la médecine fœtale permet aujourd’hui de connaître tous les détails de la période intra-utérine, de détecter précocement les troubles du développement et parfois d’y remédier. Les bouleversements autour de la reproduction font aussi surgir mille questions médicales, juridiques, morales, éthiques et sociales qui exigent des choix cohérents. Face aux situations inédites que vont connaître les fœtus, le Docteur Roger Bessis, l’un des pionniers de l’échographie et l’une des personnalités marquantes de la médecine fœtale, réclame d’urgence un statut pour dépasser l’opposition entre chose et personne.

 

Le fœtus individualisé

 

Le médecin peut intervenir sur le fœtus pour le soigner, le supprimer ou choisir  parmi d’autres un embryon exempt d’une pathologie donnée (diagnostic préimplantatoire). Le fœtus peut également être l’instrument d’un projet qui ne le concerne pas (quand il n’entraîne pas sa destruction), lorsqu’il s’agit d’utiliser ses cellules ou ses organes dans un but thérapeutique au profit d’un autre. Il peut désormais être détaché  de sa référence à la sexualité du couple parental ou encore de l’utérus maternel. S’il est impossible de prévoir l’usage que nos descendants feront de l’utérus artificiel ni si celui-ci bouleversera effectivement les relations entre hommes et femmes, en revanche la certitude de sa survenue pose très concrètement la question de l’individualisation du fœtus.

 

Un statut de fœtus ?

 

Entre chose et personne, le Dr Bessis plaide en faveur d’un statut du fœtus qui inciterait à rechercher pour l’avenir des alternatives  aux techniques de conception ouvertement utilitaires (clonage thérapeutique, enfant « docteur », banque d’embryons…). Sa claire distinction de la personne humaine permettrait selon Roger Bessis, de résoudre le non-sens de l’inexistence pénale du fœtus sans remettre en cause l’avortement.

 

Sur cette question, la position de l’auteur  est  claire : la pratique d’une médecine fœtale efficace est indissociable de la possibilité d’interrompre la grossesse éventuellement, et ce jusqu’à la veille de la naissance pour motif médical. Or, reconnaître au fœtus le statut de personne serait lui reconnaître des droits particuliers, éventuellement opposables à ceux de la mère, ce qui interdirait tout avortement. 

 

« Il est temps d’échapper au double obscurantisme de ceux qui refusent l’évidence du droit à l’avortement au nom du fœtus et de ceux qui refusent l’évidence du fœtus au nom de l’avortement », conclut Roger Bessis.

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