Le quotidien Le Monde consacre une page spéciale sur le coma. En France chaque année, 8 500 personnes sont hospitalisées pour un traumatisme crânio-cérébral qui est, avec les accidents vasculaires, l’une des grandes causes de coma ou d’état végétatif.
Que ce soit Vincent Humbert, Terri Schiavo ou plus récemment le pompier Donald Herbert qui vient de retrouver l’usage de la parole en sortant de l’état semi végétatif dans lequel il vivait de puis 9 ans, tout a commencé par un accident qui les a plongés dans le coma. Le coma est une abolition plus ou moins complète des fonctions de la vie de relation (conscience, motilité, sensibilité) alors que les fonctions de la vie végétative sont relativement conservées.
Il existe différents stades de coma décrits avec l’aide d’une échelle clinique, le score de Glasgow. Cet outil évalue l’ouverture des yeux, la qualité des réponses motrice et verbale. Les fonctions végétatives que sont la respiration spontanée et la circulation sanguine peuvent être conservées. On parle de 4 stades de coma :
l’obnubilation : la communication est réduite, le malade réagit aux stimuli douloureux ;
la disparition de la capacité d’éveil : pas de communication avec le malade, réactions inappropriés aux stimuli douloureux ;
le coma profond : pas de communication, pas de réaction aux stimuli douloureux, disparition des réflexes des nerfs crâniens, troubles végétatifs ;
le coma dépassé ou mort cérébrale : perte irréversible de toutes les fonctions de l’ensemble du cerveau, du tronc cérébral et des hémisphères, électro-encéphalogramme plat.
Si la cause du coma est curable, celui-ci est potentiellement réversible, mais si elle permet le maintien des fonctions vitales, "la réanimation ne peut réparer ce qui a été détruit" souligne le professeur Lemaire du service d’anesthésie réanimation du CHU de Créteil. Le coma peut déboucher sur une récupération plus ou moins satisfaisante ou sur un état qualifié de végétatif chronique.
Les sujets dans cet état peuvent survivre pendant de nombreuses années avec des fonctions végétatives normales (respiratoires, circulation, sécrétions…) dès lors que leur sont apportés les soins nécessaires.
Cet état de coma pose de graves questions médicales et éthiques : comment savoir s’il existe des chances de réveil pour un malade dans le coma ? Faut-il limiter les traitements y compris l’alimentation par sonde gastrique chez la personne en état végétatif ?
Depuis peu, les nouvelles techniques d’imagerie et notamment l’imagerie par résonance magnétique (IRM) sont en train de modifier la donne. Ces techniques permettraient de prédire de manière fiable l’avenir neurologique de patients dans le coma. Steven Laureys, chercheur à l’Université de Liège et spécialiste des "consciences emmurées" est l’un des pionniers de l’étude par imagerie fonctionnelle de l’activité cérébrale des patients en état de conscience minimale (ECM). Ces patients souffrent de dommages cérébraux sévères et montrent des signes intermittents d’appréhension de leur environnement. Ils peuvent même grimacer, pleurer ou suivre du regard des objets ou des visages. Il est en revanche impossible de rentrer en contact avec eux. Après différentes études, les chercheurs estiment que l’échelle comportementale peut être inadéquate "pour discerner le niveau de conscience". L’imagerie fonctionnelle pourrait être un outil pour fournir une évaluation plus précise. "Ces résultats soulèvent des questions importantes sur les capacités de patients ECM à ressentir des états subjectifs, mais aussi à bénéficier d’interventions thérapeutiques" soulignent les chercheurs américains, qui invoquent un "impératif humanitaire" : étudier plus avant les états de conscience de patients ayant souffert de lourds traumatismes cérébraux.
Le Monde (Paul Benkimoun – Hervé Morin) 06/05/05 – La Croix 06/05/05