Les experts entendus au procès de Véronique Courjault, qui encourt la réclusion à perpétuité pour avoir assassiné trois de ses enfants à l’accouchement, se renvoient la balle : déni de grossesse, déni de maternité, dénégation, dissimulation, mensonge…"Je patauge !", s’est exclamé hier l’avocat général Philippe Varin.
De fait, trois spécialistes avaient donné lundi l’impression très nette que l’hypothèse du déni de grossesse était la bonne, et que l’accusée était dans un état second lorsqu’elle a donné la mort aux trois nouveaux-nés. Le psychiatre Michel Dubec a dessiné les traits psychologiques les plus saillants des femmes infanticides n’ayant pas conscience de leur grossesse: incapacité à révéler leur état à leur entourage, à se projeter dans l’avenir ou à s’imaginer l’accouchement. Elles n’ont d’ailleurs pas conscience de donner naissance à un enfant : "Elles n’accouchent pas d”un corps‘, elles perdent ‘du’ corps, elles évacuent un déchet", a-t-il remarqué. Le professeur Israël Nisand, qui milite pour une reconnaissance du déni de grossesse comme pathologie mentale, a expliqué: "la femme qui s’accouche toute seule doit appuyer très fort sur la tête de l’enfant pour le sortir". Véronique Courjault aurait pu avoir ce geste, ce qui aurait pu provoquer la mort de ses enfants. La piste de l’homicide involontaire s’était ouverte.
Le complément d’information ordonné hier par le président du tribunal a refermé cette possibilité : les deux nouveaux experts ont conclu, d’après les autopsies, que la mort des deux derniers enfants ne pouvait découler d’une extraction difficile. Deux psychiatres, ayant rencontré l’accusée, ont quant à eux rejeté l’hypothèse du déni de grossesse, et de l’altération du discernement : "Véronique Coujault a toujours été consciente de ses grossesses", assure Fanny Puel- Métivier. Jean-Michel Masson ajoute: "Nous sommes plus dans le mensonge que dans le déni." Pour eux, il s’agit d’un "refus de grossesse" et d’un "refus de maternité".
Mais, d’après le Dr Bensussan "le débat entre dissimulation et déni est factice puisque Véronique Courjault savait qu’elle allait dans le mur sans forcément qu’il y ait préméditation. Il n’y a pas de dessein de les tuer, mais une lucidité sur l’issue fatale. Je n’appellerais pas ça de la préméditation. Elle savait juste que ça allait mal finir."
Le jugement sera rendu demain.
La Croix (Marie Boëton) 17/06/09 – Libération (Patricia Tourancheau) 17/06/09 – Le Figaro (Stéphanie Durand- Souffland) 17/06/09- Ouest- France (Bernard Le Solleu) 17/06/09 – Le Nouvel Observateur.com 17/06/09 – Le JDD.fr 17/06/09 – Libération 16/06/09 – Le Figaro 16/06/09 – Libération (Patricia Tourancheau) 12/06/09