Véronique Fournier, médecin, responsable du Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin à Paris, revient sur le condamnation quasi-unanime du clonage reproductif. Elle montre que si ce refus paraît acquis, il demeure néanmoins un doute, non pas sur le "non au clonage" mais sur le "pourquoi du non". Il semble que chacun a l’intime conviction qu’il ne faut pas faire de clones mais qu’il n’arrive pas à expliquer précisément pourquoi et de ce fait, craint que cela n’arrive.
Cette crainte partagée par tous et presque irrationnelle repose sur la peur qu’a l’homme devant l’émergence d’un monde où l’on n’aurait plus besoin de Dieu. Avec le clonage, l’homme renoncerait à Dieu : si l’homme est capable de fabriquer l’homme c’est que Dieu n’existe pas. Pour Véronique Fournier, "la vraie crainte n’est pas celle de la mort de Dieu pour Dieu, elle est celle de la mort de Dieu pour l’idée que nous nous faisons de l’homme".
La Croix (Véronique Fournier) 12/06/03