Un projet de loi visant à légaliser la fécondation in vitro (FIV) en Pologne suscite des divisions. Bien que la Pologne soit le seul pays à ne pas avoir de loi sur l’assistance médicale à la procréation (AMP), il existe 38 cliniques spécialisées où des médecins pratiquent des FIV.
Aucune limite n’étant clairement établie dans ce domaine laissé à l’appréciation des médecins, cette absence de cadre légal en inquiète certains. Directrice de la clinique Invimed à Varsovie, Barbara Mazur confie ses craintes : "Il est aujourd’hui nécessaire d’avoir une loi. Nous faisons face à beaucoup de situations peu claires. Il y a une semaine, on m’a envoyé une femme qui voulait porter un enfant pour une autre. J’ai refusé. Mais il était difficile de lui dire non, puisque rien ne l’interdit. Et d’après ce que j’ai compris, elle l’avait déjà fait."
Souhaitant l’adoption d’une loi, la majorité libérale au pouvoir a présenté un projet de loi rédigé par la députée Małgorzata Kidawa-Błońska. Celle-ci revendique un texte autorisant la FIV de façon encadrée : "La question est de savoir si un embryon est une personne humaine. […] Dans le doute, nous admettons que l’embryon est peut-être déjà un humain et nous le protégeons. […] Nous acceptons la congélation d’embryons, mais nous indiquons en même temps que les embryons non utilisés ne doivent en aucun cas être détruits. Soit un couple utilise tous ses embryons, soit les embryons sont conservés pour être utilisés par un autre couple".
D’autres projets de loi ont été déposés au Parlement : celui du parti Droit et Justice demande l’interdiction de la FIV et une mesure de "retour à la vie" des embryons humains actuellement congelés qui seraient donnés à des couples en attente d’enfants. A contrario, l’Alliance démocratique de gauche souhaite autoriser la destruction d’embryons humains. Enfin, un projet déposé par Jaroslaw Gowin, un député dissident de la majorité, demande la limitation à 2 de la création d’embryons humains et l’interdiction de leur congélation afin d’éviter l’existence des embryons "surnuméraires". Ces projets concurrents rendent incertaine l’adoption du projet du gouvernement dont le vote pourrait avoir lieu en juin 2011.