Dans une tribune du Figaro, 340 médecins protestent contre la position de l’Ordre des médecins qui a déclaré ne pas être opposé à la légalisation de la ‘PMA pour toutes’. Ils regrettent que l’ « institution censée les représenter » n’ait pas consulté l’ensemble de la profession sur cette question[1], et demande au Conseil de l’Ordre de publier dans les jours qui viennent un communiqué officiel désavouant cette première prise de position et revenant « à un discours strictement médical ».
Le docteur Jean-Marie Faroudja, auditionné par l’Assemblée nationale le 19 septembre au nom de l’Ordre des médecins, a en effet déclaré « ne pas être hostile à l’extension de la PMA aux femmes célibataires et aux couples de femmes », expliquant que l’Ordre « ne peut pas s’opposer » à une demande sociétale. Les 340 médecins signataires de la tribune souhaitent se désolidariser de cette position « contraire à la vocation de la médecine et au serment d’Hippocrate ». Ils invoquent quatre raisons :
- la « PMA pour toutes » n’est pas une indication médicale, « il est donc paradoxal pour ne pas dire antinomique que l’Ordre des médecins ne s’opposent pas à l’élargissement de la PMA ».
- la « souffrance des femmes en désir de maternité (…) n’est pas un argument recevable » : il sous-entendrait que « les femmes souffriront moins ou ne souffriront plus lorsqu’elles auront un enfant », ce qu’ « aucune étude sérieuse » ne prouve.
- « L’AMP avec donneur prive volontairement l’enfant de la relation structurante avec deux adultes de sexe différents » rappellent-ils en reprenant les mots de l’Académie de médecine en mai dernier. La ‘PMA pour toutes’ va à l’encontre du principe médical « primum non nocere », car « fabriquer des enfants sans père revient à leur nuire ».
- Ne pas s’opposer la ‘PMA pour toutes’ c’est encore « laisser la porte ouverte à tous les abus : qui pourra s’opposer demain aux demandes de couples hétérosexuels qui voudront un bébé parfait et se tourneront vers le corps médical pour répondre à leur attente au nom de l’égalité ? ». En outre « ouvrir la PMA non médicale aux femmes en bonne santé, c’est ouvrir le marché du corps humain ».
Le Figaro (07/10/2018)