PMA : la durée de stockage des embryons influe sur l’issue de la grossesse

Publié le 24 Juin, 2020

Une étude publiée dans la revue Human Reproduction[1] a montré que la durée du stockage des embryons congelés dans le cadre d’un parcours de procréation médicalement assistée n’est pas neutre : plus cette durée est longue et plus la probabilité pour la femme de devenir enceinte et de donner naissance à un enfant diminue.

 

Ces résultats ont été obtenus par des chercheurs chinois du Shanghai Ninth People’s Hospital qui « ont analysé les résultats de 24 698 patientes dont les embryons vitrifiés ont été transférés pour la première fois entre janvier 2011 et décembre 2017 ». La vitrification « consiste à placer brièvement les embryons dans une solution pour les déshydrater avant qu’ils ne soient rapidement congelés ». Des produits chimiques, appelés « cryoprotecteurs », sont utilisés au cours de ce processus « pour empêcher la formation de cristaux de glace, qui pourraient endommager les embryons ». Les embryons sont ensuite « immédiatement exposés à l’azote liquide pour les congeler rapidement, prêts à être stockés ». La vitrification est « une technique simple, rapide et peu coûteuse, qui est devenue un outil essentiel ».

 

Les patientes ont été réparties dans quatre groupes : dans le groupe 1, les patientes dont les embryons vitrifiés avaient été conservés jusqu’à trois mois, entre trois et six mois pour le groupe 2, entre 6 et 12 mois pour le groupe 3 et de 12 à 24 mois pour le groupe 4. En comparant les résultats pour les différents groupes, les chercheurs ont constaté que « le taux de grossesse clinique[2] » diminue d’une valeur de 56 % pour le groupe 1 à 26 % pour le groupe 4. Il se traduit en un taux de naissance vivante de 47 % dans le groupe 1 à 26 % dans le groupe 4. Des résultats confortés par l’analyse d’un sous-ensemble de 7 270 femmes de moins de 36 ans dont la stérilité était due à des trompes de Fallope bouchées ou endommagées, afin d’éviter les biais dus au fait que « les groupes 3 et 4 comptaient une plus grande proportion de femmes âgées ou de patientes dont le pronostic était mauvais en raison d’un nombre d’ovules disponibles inférieur à celui des groupes 1 et 2 ».

 

En revanche, pour le professeur Qifeng Lyu, directeur adjoint du département de reproduction assistée de l’hôpital et co-auteur de l’étude, ces travaux ont montré « la sécurité de l’utilisation d’embryons stockés longtemps après la vitrification sur la santé néonatale ». Mais « les chercheurs n’ont pas entrepris de suivi à long terme des bébés, donc ne disposent pas d’informations sur leur croissance et leur développement ».

 

Pour le Dr Qianqian Zhu qui a dirigé l’étude, « nos résultats suggèrent que les cliniciens devraient considérer l’effet de la durée de stockage avant de prendre des décisions sur le nombre d’embryons à congeler et à stocker ».

 

 

Pour aller plus loin :

Congélation des embryons et risque de cancer accru : une étude danoise

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[1] “The effect of storage time after vitrification on pregnancy and neonatal outcomes among 24,698 patients following the first embryo transfer cycles”, by Jianghui Li et al. Human Reproduction journal. doi:10.1093/humrep/deaa136.

[2] grossesses confirmées par échographie.

EurekAlert, European Society of Human Reproduction and Embryology (23/06/2020)

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