Pilules contraceptives et Agence européenne du médicament

Publié le 28 Jan, 2013

 L’Agence française du médicament a décidé hier soir, lors d’une réunion exceptionnelle, de ne pas suspendre la commercialisation de Diane 35, médicament contre l’acné des laboratoires Bayer, utilisé en réalité comme contraceptif, et responsable de quatre décès et de 131 incidents importants (cf synthèse de presse quotidienne du 28/01/13).
L’Agence explique que ce médicament "bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne", qui "empêche la France de décider de son sort". Il revient donc à l’Agence européenne du médicament de se prononcer.
La réunion exceptionnelle rassemblait les 31 centres de pharmacovigilance français, qui ont, en plus de la pilule Diane 35, abordé la thématique de l’ensemble des contraceptifs oraux. Ils ont notamment étudié les résultats de l’étude du CHU de Brest dans laquelle était mis en évidence les complications liées à la prise de la pillule: "sur 550 femmes de 15 à 45 ans qui ont fait un séjour en hôpital de jour dans cet hôpital. Il en ressort qu’ "extrapolés à l’ensemble de la population française, sur la période allant de 1998 à 2012, le nombre de décès [lié à la prise de la pilule] serait de 200". Le directeur de l’Agence a "réclamé d’autres enquêtes" de ce type relative à la prise de la pillule, par le biais des données hospitalières disponibles.

L’Agence européenne du médicament, située à Londres, a finalement annoncé, après avoir refusé la demande de la France le 11 janvier dernier, qu’elle "procèderait au réexamen des pillules contraceptives de 3ème et 4ème génération" qui permettra de déterminer "s’il est nécessaire de restreindre l’usage de ces médicaments aux femmes qui ne peuvent pas prendre d’autres contraceptifs oraux combinés".  La réunion est prévue pour le 4 février prochain. En réalité, précise un journaliste des échos," il n’est pas question de réexaminer le rapport bénéfice risque lui même de la prise de la pilule. L’agence rappelle d’ailleurs à nouveau qu’il n’y a aucune raison pour que les femmes cessent de prendre la pilule". L’Agence européenne du médicament relativise en outre la demande de la France en relevant que "c’est la première fois qu’un Etat membre saisit l’agence européenne pour lui demander d’émettre des recommandations à l’échelle européenne sur ce type de médicament". Or la demande est de taille car elle concerne tout de même la santé de 2,5 millions de femmes. La France se félicite tout de même de cette nouvelle qui, elle l’espère , lui "permettra de prescrire plus la pilule de la deuxième génération qui présente moins de risque".

Alors que les effets dramatiques de ces dernières pilules sont dévoilés au grand jour, et traités par les instituions française et européenne, le journal Libération consacre tout un dossier à la pillule recueillant des témoignages de femmes de toutes générations, et établissant un comparatif avec d’autres pays. Joêlle Brunerie-Kauffmann, gynécologue, y exprime par exemple: "ne pas oublier qu’elle a libéré la femme". Puis on peut lire qu’aux Etats-Unis "le stérilet [est] à la mode" (le stérilet est un avortif, ndlr) ou encore "la stérilisation à la hausse au Royaume-Unis".  

 lesechos.fr 29/01/13 (Catherine Ducruet) – Le Figaro 29/01/13 (Anne Jouan) – le nouvel observateur 28/01/13 – lequotidiendumédecin.fr 29/01/13 (David Bilhaut) – Libération 29/01/13 (Eric Faverea, François Musseau, Fabrice Rousselot, Sonia Delesalle-stopler)

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