Au Pays-Bas, une « mobilisation sans précédent » prend forme contre l’euthanasie des personnes démentes. Trois cent cinquante médecins ont signé une pétition exprimant leur refus « de mettre fin à la vie d’êtres humains sans défense ». Parmi les signataires, « beaucoup de médecins généralistes et de gériatres, mais aussi un certain nombre de médecins du SCEN, l’agence de consultation et de soutien pour l’euthanasie ». Cette agence conseille les patients et les médecins face aux demandes d’euthanasie et fournit « souvent » le deuxième avis obligatoire.
Dans ce pays, la « loi sur le contrôle de l’interruption de la vie sur demande et de l’aide au suicide », entrée en vigueur en 2002, a été petit à petit « assouplie ». Elle rend possible l’euthanasie pour « des patients conscients et victimes de ‘souffrances insupportables’ et sans perspectives d’amélioration ». La démence est « considérée comme une ‘souffrance psychique’ sans rémission possible ». L’euthanasie en cas de démence, au départ conditionnée à une « demande anticipée » confirmée par le patient, est depuis 2015 possible sans cette confirmation : « Ces patients peuvent être aidés à mourir, même s’ils ne sont plus capables d’exprimer leur volonté à partir du moment où ils étaient encore lucides lors du dépôt de leur déclaration anticipée ».
Les 34 médecins à l’origine de la protestation ont lancé un site internet, « ne pas agir en catimini en cas de démence ». Ils expriment ainsi leur message : « Donner une injection mortelle à un patient atteint de démence avancée, sur la simple base d’une déclaration anticipée ? À quelqu’un qui n’est pas en mesure de confirmer qu’il veut mourir ? Non, nous nous y refusons. Notre réticence morale à mettre fin à la vie d’un être humain sans défense est trop grande ».
Les « pro-euthanasies » estiment que le débat n’a pas lieu d’être car ces cas d’euthanasies « restent isolés » et les médecins peuvent exercer leur clause de conscience. Mais la remise en cause de la loi rencontre un « fort écho », et les signataires « espèrent un vrai débat sur la portée des déclarations anticipées ».
La Croix, Raphaëlle d’Yvoire (13/02/2017)
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