Alors que le débat aux Pays-Bas porte sur la question de l’extension de l’euthanasie aux personnes « fatiguées de vivre », un rapport défavorable vient d’être remis au gouvernement.
Pour rendre son rapport, la Commission mise en place en juillet 2014, s’est penchée sur les résumés de soixante-six cas psychiatriques de suicide assisté qui ont eu lieu entre 2011 et 2014. Les experts ont alerté le gouvernement sur l’aspect délicat de cette question, ainsi que sur les dérives possibles.
Pour le Dr Paul Applebaum, de l’Institut de psychiatrie de New York et du Département de psychiatrie de l’université de Columbia, les résultats étudiés « soulèvent de graves préoccupations » : « par exemple, plus de la moitié des patients souffraient de troubles de la personnalité, ce qui interroge sur la ‘stabilité du souhait exprimé de mourir’ ».
Le Dr Aaron Kheriaty, psychiatre et directeur du Programme d’éthique médicale à l’Université de Californie, affirme que « cela est très inquiétant » : les critères subjectifs qui sont employés pour déterminer si une personne qui juge « sa vie terminée » peut demander l’euthanasie, expliquent le large éventail d’âges et de diagnostiques psychiatriques des cas effectifs. Il ajoute que certains cas sont même potentiellement traitables, et que, selon lui, élargir les possibilités d’euthanasie pour les patients psychiatriques mène au risque « d’abandonner les patients quand il peut y avoir de l’espoir ».
Dans son rapport, la commission estime plus raisonnable de proposer des solutions pour éviter que des personnes ne jugent « leur vie terminée » quand elle ne l’est objectivement pas.
Reuters (10/02/2016)