Aux Pays-Bas, les nouvelles directives officielles autorisent les médecins à placer les patients souffrant de démence sous sédatif avant de les euthanasier, dans le cas où ils auraient rédigé des directives anticipées. Ces recommandations « font suite à un arrêt de la Cour suprême rendu au début de l’année qui avait annulé la condamnation d’un médecin de maison de retraite pour meurtre » (cf. Pays-Bas : la Cour suprême donne son feu vert à l’euthanasie en cas de « démence avancée »).
Le Dr Marinou Arends avait euthanasié une femme de 74 ans, alors qu’elle manifestait de la résistance, en s’appuyant sur les directives anticipées qu’elle avait rédigées avant d’entrer en maison de retraite. La patiente y indiquait vouloir être euthanasiée « quand le moment serait venu », sans expliquer précisément ce qu’elle considérait comme une « souffrance insupportable ». Pour la Cour, si un patient dément est dans l’incapacité de donner son consentement, les médecins peuvent procéder conformément à une demande écrite préalable « même s’ils semblent heureux ou même s’ils résistent ».
Des directives qui exonèrent de recueillir le consentement le jour J
« En administrant l’euthanasie à un patient qui n’est plus mentalement compétent en raison d’une démence avancée, il n’est pas nécessaire que le médecin convienne avec le patient du moment ou de la manière dont l’euthanasie sera administrée », indique la nouvelle directive des RTE[1], les comités régionaux de révision de l’euthanasie. « Ce genre de discussion est inutile car un tel patient ne comprendra pas de quoi il s’agit », estiment les comités. Pour Jacob Kohnstamm, président des RTE, cette clarification insiste sur le jugement du médecin, permettant d’« atténuer les craintes de poursuites judiciaires dans ces rares cas ». Il estime deux à trois cas par an sont concernés.
L’année dernière, il y a eu 6 361 cas d’euthanasie recensés aux Pays-Bas, soit 4,2 % des décès. Et parmi eux, 160 personnes étaient atteintes de démence précoce, quand deux étaient à un stade avancé ou très avancé. En 2020, les RTE ont approuvé l’euthanasie d’une femme souffrant de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé, à la demande de son mari. Son âge était compris entre 70 et 80 ans et elle avait rédigé des directives anticipées.
[1] Regionale Toetsingscommissies Euthanasie
Sources : BioEdge, Michael Cook (22/11/2020) ; Dutch News, Senay Boztas (20/11/2020) ; Photo : iStock