Aucune décision avant 2005
Le 6 novembre dernier, faute de consensus, la commission juridique de l’Assemblée générale de l’ONU a voté le report pour deux ans de toute décision concernant le clonage humain. L’ONU a adopté, par un vote de 80 voix contre 79 et 15 abstentions, la proposition de la République islamique d’Iran, présentée au nom de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), de reporter l’examen de cette question à 2005.
Si toutes les délégations veulent interdire le clonage à des fins de reproduction, les avis divergent en ce qui concerne le clonage d’embryons pour la recherche et l’expérimentation médicale.
L’initiative du Costa Rica, soutenue notamment par les Etats-Unis, le Vatican et une cinquantaine de pays, visait à élaborer une convention internationale interdisant totalement le clonage humain, à savoir le clonage d’embryons pour faire naître un enfant, (clonage reproductif), et le clonage d’embryons pour la recherche (clonage dit thérapeutique).
Responsabilité de la France
La France et l’Allemagne ont décidé de s’abstenir, arguant du fait qu’un traité serait inefficace s’il n’était pas ratifié par un grand nombre de pays, parmi lesquels ceux qui sont tentés par des activités de clonage. La proposition de la Belgique, soutenue par la France et l’Allemagne, voulait que le clonage humain à des fins de recherche soit laissé à l’appréciation de chaque pays. On peut s’interroger sur le rôle de la France dans ce vote ; alors que le Parlement s’apprête, au niveau national, à interdire le clonage d’embryons à des fins de recherche, pourquoi la France ne soutient-elle pas au niveau international les pays qui défendent cette position ? Cette question est d’autant plus brûlante que le report de l’interdiction a été voté à une voix de majorité.
Un vide juridique coupable
« Renvoyer à deux ans signifie accepter que pendant deux ans nous conservons ce vide juridique international, et que donc des expériences éventuelles peuvent se poursuivre », remarque Mgr Migliore, observateur permanent du Saint Siège à l’ONU, d’autant que dans de nombreux pays (dont l’Inde, la Chine, la Russie, certains pays du Maghreb..) il n’existe aucune législation. Ainsi le représentant du Nigéria a-t-il exprimé la crainte que les pays en développement, particulièrement l’Afrique, soient exploités dans le but de fournir des millions d’embryons.
Le renvoi de la décision permet également la poursuite des recherches sur les cellules souches embryonnaires et plus largement sur le clonage à but de recherche, alors que les espoirs scientifiques en cette technique sont aujourd’hui quasi nuls. « Chez les gens sérieux, personne ne nie que ce type de clonage n’a pas de perspective à court terme » souligne Axel Kahn. Et comme le faisait remarquer Mgr Migliore, « si les Nations-Unies interdisaient la reproduction par clonage sans interdire le clonage pour la recherche, alors, pour la première fois, cette organisation légitimerait la création d’êtres humains dans le but exprès de les détruire »