Olivier Rey : « En ayant décrété “le droit à mourir dans la dignité”, on se trouvera dans les faits à avoir étendu le domaine de l’indignité »

Publié le 22 Avr, 2021

Pour comprendre les débats autour de l’euthanasie, il faut interroger le rapport à la vie estime le philosophe et essayiste Olivier Rey. « D’un côté il y a ceux qui s’estiment propriétaires de leur vie. Ils attendent des institutions, et notamment de l’institution médicale, qu’elles mettent tout en œuvre pour garantir ce bien dont ils disposent ». Mais « si jamais l’existence ne leur donne plus satisfaction, ne correspond plus à l’idée qu’ils s’en font, ils attendent de cette même institution médicale qu’après avoir veillé sur leur vie, elle les en débarrasse. » Et il y a ceux qui « s’estiment dépositaires de leur vie ».

Les défenseurs de l’euthanasie revendiquent un « droit », qui serait sans conséquence pour ceux qui ne souhaitent pas l’utiliser. Un argument qui « manque de sérieux » pour le philosophe. Si l’euthanasie est légalisée, « ils modifieront le monde commun » assure Olivier Rey. En effet, des médecins devront alors « donner la mort », quand « toute une frange de la population se trouvera réduite à décider entre injection létale et survie dans l’indignité ». Car en utilisant le terme de mourir dans la dignité, les militants pro-euthanasie affirment que toute personne qui refuserait de recourir à l’« aide active à mourir », dans « certaines conditions », devient « indigne ».

En conséquence, le malade se sentira scruté. « Craignant d’indisposer ses proches ; de dégoûter les gens en plein possession de leurs moyens ; imaginant, ou lisant dans le regard de certains : moi, dans ces conditions je préférerais demander à en finir. » Alors, « en ayant décrété “le droit à mourir dans la dignité“, on se trouvera dans les faits à avoir étendu le domaine de l’indignité », prévient Olivier Rey. En ayant institué « le droit à une fin de vie libre et choisie », « on se trouvera moralement obligé de débarrasser le plancher ».

 

Source : Valeurs actuelles, Olivier Rey (22/04/2021) – Photo : Pixabay

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