Le Quotidien du Médecin consacre une page aux nanosciences et aux inquiétudes que ces recherches font naître dans l’opinion publique. Pour le Comité d’éthique du CNRS (Comets), il est nécessaire de prévoir les conséquences d’une telle recherche, aussi bien sur l’homme que sur l’environnement, et d’en contrôler la croissance. Le Comets souhaite "développer une vigilance éthique par une série de mesures destinées à encourager la réflexion sur les valeurs et les fins de la recherche", plutôt que de "développer une recherche éthiquement correcte, à travers une série de normes ou d’interdits à respecter dans une pratique toute entière focalisée sur les moyens et les résultats positifs de la recherche".
Le Pr Claude Huriet, vice-président du comité international de bioéthique de l’UNESCO, estime que "la réflexion éthique est urgente, très difficile… mais incertaine quant à son utilité". Urgente parce que les nanotechnologies évoluent très rapidement, les chercheurs n’attendant pas les avis ou les recommandations émanant des instances éthiques ; difficile du fait des multiples champs d’application des nanotechnologies qui touchent aussi bien l’environnement ou l’informatique que la défense ou encore la médecine, soulevant nombre de questions : instrumentalisation de la personne, décalage entre diagnostic et progrès thérapeutiques…; inutile parce que "décalée dans le temps". D’après Claude Huriet, les instances éthiques ne sont pas aptes à mener une telle réflexion éthique.
Face à un marché en plein essor qui pèserait 300 milliards de dollars sur les 12 prochaines années et face à la compétition internationale qu’il génère, comment éviter que les limites posées par les instances éthiques soient sans cesse repoussées ? Citant l’exemple de la recherche sur les cellules souches et l’embryon humain, Claude Huriet ajoute que "celui qui autorise l’emporte toujours sur celui qui encadre ou limite".
La médiatisation dont bénéficie ce secteur ajoute aussi à la difficulté : "elle donne une fois encore à rêver à une opinion qui croit de plus en plus à la toute puissance de la science". Pourtant, ajoute Claude Huriet, les espoirs que fait naître la nanomédecine notamment, ne sont pas confirmés.
Le Quotidien du Médecin (Stéphanie Hasendahl, Claude Huriet) 15/01/07