Naissance sous X et quête des origines

Publié le 20 Oct, 2010

Près de 500 enfants naissent sous X en France chaque année. La France est le seul pays européen, avec le Luxembourg, à autoriser l’accouchement sous X qui garantit le secret total sur l’identité de la mère, et donc aussi, du père. Cette pratique enracinée dans le droit français va toutefois à l’encontre de l’article 7 de la Convention internationale des droits de l’enfant, qui dispose que "tout enfant a le droit de connaître ses parents".

Aujourd’hui, le secret des origines est de plus en plus remis en question, que ce soit pour l’accouchement sous X ou dans le cas de l’assistance médicale à la procréation avec don de gamètes. La loi du 22 janvier 2002 relative à "l’accès aux origines des personnes adoptées et pupilles de l’Etat" avait été votée à l’unanimité par les députés. Cette loi invite les femmes qui demandent à accoucher sous X à laisser "des renseignements sur sa santé et celle du père", sur "les origines de l’enfant et les circonstances de la naissance, ainsi que, sous pli fermé, son identité. Ce pli sera conservé par le service de l’Aide sociale à l’enfance de département et ne sera ouvert que par un membre du Conseil national pour l’accès aux origines personnelles (CNAOP), si cet organisme est saisi d’une demande d’accès à la connaissance de ses origines par l’enfant devenu majeur". L’accès aux origines pour les enfants nés sous X a donc été rendu possible même s’il n’est fait aucune mention d’un droit à connaître ses origines.

Pour Bernadette Lemoine, psychologue pour enfant, les situations sont si variées et complexes, qu’aucune législation ne pourra être satisfaisante à ce sujet. Elle explique que les enfants nés sous X ont "un besoin viscéral de s’inscrire dans une histoire. […] Il faut comprendre que l’enfant né dans ces conditions souffre non seulement d’une blessure de séparation, mais aussi d’une privation d’accès à ses origines, ce qui s’ajoute au traumatisme de l’abandon. Pour certains, c’est un double handicap". 

Les mères qui se présentent pour accoucher sous X sont aujourd’hui mieux accompagnées. Dans certaines maternités, des psychologues et assistantes sociales dialoguent avec elles pour les aider à prendre conscience de ce qu’elles vivent. Cet accompagnement s’avère primordial pour empêcher le repli sur soi et l’oubli du bébé. Monique Bourdais, directrice de la maison Magnificat qui accompagne près de Tours des femmes enceintes en difficultés, tant matérielles que morales, psychologiques et sociales, témoigne : "quand elles arrivent chez nous, elles sont souvent dans le déni de grossesse. Tous les ans, deux ou trois d’entre elles accouchent sous X. En règle général, elles donnent un nom à l’enfant, lui écrivent une lettre, lui racontent leur histoire, expliquent les raisons de leur choix, expriment leur souhait de donner un père à l’enfant".

Ces petits mots ou objets laissés à l’enfant, traces de sa mère biologique, ont une importance primordiale pour celui-ci : "c’est un signe tangible pour l’enfant auquel il peut s’accrocher, c’est un maillon qui le relie à sa mère génitrice et à une histoire familiale, c’est une trace positive et significative qu’il engrangera dans son subconscient : ‘je t’ai donné la vie, mais je ne pouvais pas te faire grandir. Alors, je t’ai confié à d’autres qui le feront à ma place’ " explique Bernadette Lemoine. Selon elle, le plus important pour faire évoluer le dossier juridique de l’accouchement sous X reste de suggérer à la maman de "laisser une parole ou un objet à l’enfant".

Selon une enquête du CNAOP de 2004, sur 394 femmes ayant accouché sous X, 40% ont refusé de laisser leur nom.

Famille Chrétienne (Maryvonne Gasse) 23-29/10/10

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