Mortalité maternelle : l’avortement, un facteur aggravant

Publié le 14 Jan, 2015

La santé maternelle est un enjeu sanitaire mondial qui compte parmi les objectifs du millénaire de l’ONU[1]. La plupart des pays ayant légalisé l’avortement l’ont fait en arguant qu’il suffisait de rendre l’avortement légal et accessible pour qu’il devienne « sûr » [2], et ainsi réduire la mortalité maternelle.

Néanmoins, la légalisation de l’avortement n’entraine pas ipso facto sa sécurité. Quand bien même celui-ci serait réalisé dans de « bonnes conditions », par des médecins, il s’agit d’un acte médical lourd, et comme tout acte médical il comporte inévitablement des risques.

 

Si l’on sépare les risques psychologiques des risques physiologiques, on réalise que presque aucune femme n’échappe aux séquelles psychologiques. Ces séquelles vont de la peine, à la dépression, en passant par les regrets, le déni, l’anxiété, la scarification, l’anorexie, et même le suicide[3]. Elles comportent aussi des risques plus sociaux : rupture du couple, agressivité envers les autres, etc..

Deux preuves très évidentes à cela. La première est que même les femmes témoignant sur des sites favorables à l’avortement – comme par exemple « j’ai avorté et je vais bien » – ne peuvent s’empêcher de faire part d’au moins « un état d’âme » ou « de douleurs » et elles se disent finalement heureuses de pouvoir « déculpabiliser » à travers ces témoignages.

La seconde est le grand nombre de vidéos postées sur internet par des jeunes filles ayant avorté et regrettant leur choix. Ces jeunes filles ne sont manifestement pas des militantes contre l’avortement, et pourtant certaines demandent « pardon à leur bébé »[4], parlent de leur tristesse[5], et évoquent la pression familiale[6].

 

Il y a ensuite toute une pléthore de risques opératoires : effets post-opératoires indésirables après un ou plusieurs avortements, perforation du col de l’utérus, risques d’hémorragies, risques de grossesses suivantes prématurées, stérilité, grossesses extra-utérines, infections, cancer du sein, ainsi que d’autres cancers et in fine, le décès[7].

Malgré tous les progrès de la médecine, l’avortement dit « médicamenteux » n’est pas « sûr », loin s’en faut. Aux Etats-Unis, entre septembre 2000 et mai 2011, 2207 femmes ayant pris une pilule abortive ont eu des complications importantes : 612 ont dû être hospitalisées, 339 furent transfusées et 14 sont décédées[8]. Une étude de quatorze années en Suède[9] a montré que sur les 1,2 millions de grossesses, les femmes ayant choisi d’avorter ont multiplié par trois leur taux de mortalité dans l’année qui suit leur grossesse. Ainsi, sur 100 000 femmes qui ont donné naissance à un enfant, 28 sont décédées – toutes causes confondues, et sur le même nombre de femmes qui ont avorté, 83 sont décédées. Une étude anglaise[10] ajoute que dans la période suivant la grossesse, le taux de suicide est de 1,9 pour 1000 femmes ayant donné naissance à leur enfant, tandis qu’il grimpe à 8,1 pour 1000 femmes ayant avorté.

 

Ainsi, c’est plus aux progrès de la médecine qu’à la légalisation de l’avortement que l’on doit le faible nombre de femmes décédant en couche en occident. En revanche, la légalisation de l’avortement a accru sa pratique, traumatisant par-là bien plus de femmes et entrainant aussi, indirectement, un grand nombre de suicides.

 

Christophe Foltzenlogel

Juriste au sein de l’European Centre for Law an Justice (ECLJ)

 

 

[1] Objectif n°5 des « Objectifs du millénaire ». Site officiel des objectifs du millénaire de l’ONU : http://www.un.org/fr/millenniumgoals/

[2] « Les droits de disposer de son corps […] impliquent en particulier l’accès aux services de santé […] et à un avortement sûr et légal » Résolution visant à réaffirmer le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse en France et en Europe, votée à l’Assemblée Nationale le 26 novembre 2014.

[3] Garfinkle, B., et. al., “Stress, Depression, and Suicide: A study of Adolescents in Minnesota”, Minneapolis: Univ Minnesota Extension Service, 1986.

[7] L’ouvrage médical de Thomas W. Strahan (Ed.), Detrimental effects of abortion. An annotated bibliography with commentary (3°ed, Acron Books (Springfield, IL), 2001, 261 pages),  compile l’ensemble des études qui ont été réalisées sur l’avortement, ses risques et ses conséquences. 250 pages listant plus de 1000 titres et références d’études menées à travers le monde sur l’avortement et ses séquelles et qui prouvent, chiffres à l’appui, le mal qui en résulte dans de nombreux cas et dont nous n’avons pas même repris le tiers du sommaire.

[8] Mifepristone U.S. postmarketing adverse events summary through 04/30/2011. FDA, 2011 Court rapport accessible : http://1.usa.gov/tZW1hf.

[9] Gissler, M., et.al., Pregnancy-associated mortality after birth, spontaneous abortion, or induced abortion in Finland, l987-2000., American J. ObGyn (2004)190, 422-7.

[10] Christopher Morgan et al., Suicides After Pregnancy: Mental Health May Deteriorate as a Direct Effect of Induced Abortion, 314, BRIT. MED. J., 902, 1997.

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