Lors du deuxième congrès national de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement (AMLAC) qui s’est déroulé le 12 juin 2012 au Maroc, "les participants […] ont appelé […] à une réforme rapide de la loi" marocaine relative à l’avortement.
Actuellement, l’interruption volontaire de grossesse [IVG] n’est autorisée au Maroc qu’ "en cas de danger pour la vie de la mère". Ainsi, de nombreuses femmes avortent clandestinement (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 11/06/12) et 13% de la mortalité maternelle au Maroc est dû à ces avortements.
Chafik Chraïbi, professeur de gynécologie obstétrique et président de l’AMLAC, souhaite que l’IVG puisse être autorisée "en cas de viol, d’inceste et de malformation du fœtus".
Aujourd’hui, les ministres et députés du PJD (Parti de la justice et du développement, parti islamiste au pouvoir) "sont silencieux sur la question bien qu’ils aient été invités au débat".
Pour Abdessamad Dialmy, sociologue de l’Université de Rabbat, le Maroc "a des résistances religieuses, des traditions sociales".
Mais Hanan Idrissi, médecin et membre de l’Association marocaine pour le droit à la vie explique : "on parle de la liberté de la femme, mais qu’en est-il du droit du fœtus ?". Proche du Mouvement unicité et réforme (MUR), il précise que "le viol, l’inceste, c’est dramatique. Mais on ne peut pas traiter ces questions de cette façon. Assouplir la loi, c’est la porte ouverte à tout, c’est encourager l’avortement".
Badiaa Bennani, également membre de l’Association marocaine pour le droit à la vie et conseillère communale affiliée au PJD, considère qu’il est possible d’ "essayer de définir à partir de quel stade un embryon peut être considéré comme un être humain".
Faisant un bilan de la législation concernant l’avortement, Malika Benradi, professeur à la faculté de droit de Rabbat, précise que "dans la région, la plupart des pays musulmans autorisent l’avortement thérapeutique, mais pas le Maroc".
Ainsi, l’article mentionne qu’en Jordanie, au Koweit, au Qatar, en Algérie et en Egypte, l’avortement est autorisé pour "des raisons de santé physique et mentale de la mère et en cas de malformation du fœtus". Enfin, seules la Turquie et la Tunisie ont complètement légalisé l’avortement.
La Croix (Christelle Marot) 4/07/12