Manipulation génétique de l’embryon humain : La décision britannique n’est pas surprenante

Publié le 1 Fév, 2016

Le généticien Patrick Gaudray, membre du Comité Consultatif national d’éthique (CCNE), a réagi à l’autorisation de recherche accordée hier par les autorités britanniques, impliquant la manipulation génétique d’embryons humains (cf. Des scientifiques britanniques autorisés à manipuler génétiquement des embryons humains )[1].

 

« La question de l’embryon humain est très délicate à appréhender », explique-t-il (cf. L’embryon en question ). En France, « il n’y a rien de fixé sur le commencement de la vie humaine », mais en Grande Bretagne, « ils ont fixé 14 jours, ce qui correspond à l’apparition des premières cellules humaines ». Il n’a donc pas été surpris de cette autorisation, dans un pays où « le contexte est très différent ». Les anglais « sont déjà allés beaucoup plus loin, probablement trop loin d’ailleurs, en autorisant l’utilisation d’un ovocyte d’une tierce personne pour accueillir le matériel génétique de deux parents. Dans la mesure où cet ovocyte contient de l’ADN dans ses mitochondries, cela revenait déjà à modifier artificiellement le patrimoine génétique d’un être humain ».

 

Isabelle de Gaulmyn confirme cette analyse : « La décision est emblématique de la philosophie utilitariste qui prévaut souvent de l’autre côté de la Manche : du moment que cela peut être utile, autant essayer ! » Elle poursuit et appelle à la vigilance : « Sans garde-fous, la modification génétique d’embryons humains risque de glisser à la modification du patrimoine génétique, dans un souci de meilleures performances. Le génome humain fait partie de notre patrimoine de l’humanité le plus précieux. Son intégrité doit absolument être préservée pour les générations futures ».

 

[1] La modification génétique d’embryons  est autorisée en Grande Bretagne depuis 2009, « à des fins de recherche, à condition que les embryons soient détruits au bout de deux semaines maximum ». Elle est interdite à des fins de traitements.

 

Le Figaro (1/02/2016) ; La Croix (2/02/2016)

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