« Rien ne change vraiment. On ne traduit pas la condition humaine. Nous croyons aller de l’avant. Ce n’est qu’une impression ». Une machine est installée chez un jeune couple qui permet d’envoyer des objets, comme une petite cuillère, par le biais d’un câble. D’un prototype, on passe au développement en masse, des objets aux humains… Où va le progrès ?
Tout au long des pages, avec un sens aigu de la narration, l’auteur de ce roman interroge sur l’impact du progrès technique sur nos vies, sur l’emballement suscité par la technologie, la dépendance qu’elle induit au quotidien. Quelle part de choix, de liberté demeure quand la machine a envahi la vie ? On finit par s’apercevoir qu’« il est trop tard pour changer, maintenant. Les racines sont trop profondes ».
Le roman pose des questions essentielles sur la place de l’art, sur la nostalgie, avec des pages d’une grande poésie, mais aussi sur l’expérimentation sur l’homme, son humiliation par la machine qui s’impose de façon implacable. « La vraie question, c’est notre acceptation d’un système que personne ne comprend tout à fait. D’un système qui n’a aucun sens. Et pourtant nous lui faisons confiance. Nous croyons, tous autant que nous sommes. Il s’agit de foi aveugle. Nous acceptons cette affirmation. Nous n’avons aucune raison de ne pas y croire. Et maintenant, nous sommes enfermés dans ce système. Nous continuerons de l’utiliser quoi que quiconque puisse en dire ».
Sous des dehors romanesques et légers, souvent drôles, c’est le tableau d’un drame humain que l’auteur esquisse avec force sous nos yeux. « C’est le roman d’apprentissage d’une chose inhumaine et c’est terrifiant » [1].
Heureusement, toute ressemblance avec des évènements existants ou à venir serait purement fortuite… Vraiment ?
Editions : Liana Levi
Date de parution : septembre 2022
Nombre de pages : 240
[1] The Scotsman.