Arguant de ses valeurs, de son code éthique et de sa politique, la firme américaine Thermo Fisher Scientific Inc., fabricant d’équipements scientifique, a annoncé qu’elle renonçait à vendre et à entretenir les séquenceurs génétiques destinés à la région chinoise, majoritairement musulmane, du Xinjiang, suite aux critiques avancées qui feraient état de leur utilisation à des fins de surveillance.
Selon des responsables américains et des experts de l’ONU, près d’un million de Ouïghours, de Kazakhs et d’autres minorités musulmanes sont détenus dans des camps d’éducation politique au Xinjiang. Le gouvernement affirme que ces camps sont des centres de formation professionnelle conçus pour débarrasser la région de l’extrémisme. Mais depuis 2016, « des informations font régulièrement état de prélèvements sanguins réalisés par les autorités chinoises » : « l’Etat chinois chercherait ainsi à alimenter un fichier génétique de plusieurs millions de noms, utilisé pour la surveillance » de ces minorités. Ce fichier aurait été constitué en violation des normes scientifiques de consentement éclairé. Il n’a pas été établit clairement si les Ouïghours ont donné volontairement les échantillons de leur ADN aux autorités chinoises.
Entre 2016 et 2017, près de 36 millions de personnes auraient bénéficié de ce « service gratuit », selon Xinhua, l’agence de presse officielle chinoise, alors que le Xinjiang compte environ 24,5 millions d’habitants. Il est difficile de savoir si certains résidents ont participé plus d’une fois aux tests.
Pour Mark Munsterhjelm, professeur adjoint à l’Université de Windsor en Ontario, qui a suivi de près l’utilisation de la technologie américaine dans la région chinoise incriminée, la coopération de la communauté scientifique mondiale « légitime ce type de surveillance génétique ».
Afp (22/02/2019) – New York Times, Sui-Lee Wee (21/02/2019) –
China Uses DNA to Track Its People, With the Help of American Expertise –
Phys.org (21/02/2019)