En rendant coup sur coup deux avis, sur la personne handicapée d’une part et sur l’embryon d’autre part, les institutions françaises ont voulu témoigner du rôle déterminant des plus faibles et des plus vulnérables au sein de notre société. Le Comité d’éthique a rendu récemment son avis dans le cadre de l’Affaire Perruche en refusant de reconnaître le droit de l’enfant à ne pas naître et en réfutant le principe d’établir des normes eugéniques pour définir « une bonne naissance ».
Quant au Conseil d’état, dans le cadre de la révision des lois de bioéthique, il s’est opposé au clonage humain qui serait une réification de l’embryon. Jean-Marie Le Méné, Président de la Fondation Jérôme Lejeune, se félicite de ces 2 avis qui montrent qu’une société solidaire ne peut se fonder sur un rejet de l’autre (notamment la personne handicapée) et un repli de l’homme sui lui même. Paradoxalement rappelle-t-il, ce sont « les plus petits qui nous défendent ». « Parce qu’ils représentent l’humanité réduite à sa plus simple expression, la personne handicapée et l’embryon sont les témoins objectifs du degré de dignité concrète que nous sommes prêts à reconnaître à chaque membre de notre espèce, quelle que soit son apparence extérieure. »
Mais ils sont aussi nos juges car ils ne nous laisseront pas en paix tant que nous n’aurons pas rendu à chacun ce qui lui revient.
Toutefois, ces avis mettent en exergue deux nouvelles incohérences : comment expliquer que la liberté de la mère conduise si souvent à l’avortement de l’enfant handicapé ? Et pourquoi, alors que le Conseil d’état refuse de réifier l’embryon et donc de légaliser le clonage, autorise t-il la recherche sur les embryons surnuméraires dépourvus de projet « parental » ? La réponse à ces questions serait sans nul doute un pas vers la sagesse.
Le Figaro 06/07/01