Des féministes contre la GPA. Quoi de plus normal ? Pourtant ce sujet divise.
Dans un ouvrage collectif, des femmes spécialistes de la question s’emploient à dénoncer cette pratique de marchandisation du corps. De la femme et de l’enfant. Réification des êtres, morcellement de la maternité, négation de l’unité de la femme qui est son corps quand on veut lui faire croire qu’elle le possède, les éclairages sont divers : historiques, rhétoriques, philosophiques, juridiques, médicaux, psychanalytiques.
L’assemblage est riche et documenté, bien que parfois redondant et cédant aux poncifs du féminisme. Alors que le fait de disposer de l’embryon comme d’un objet est dénoncé, certaines pages nient la réalité en parlant d’humanisation progressive du fœtus, de « futur être humain ». Défense de l’avortement oblige. Pourtant c’est bien la science qui dit que cet être appartient, dès le départ, à l’espèce humaine. Craignant également de stigmatiser les personnes homosexuelles, deux hommes ayant nécessairement besoin d’avoir recours à une mère porteuse pour donner la vie, l’ouvrage veut aussi proposer des solutions. Sans éviter les incohérences, car comment défendre qu’il faille « répondre à la demande d’enfant », après avoir dénoncé sa réification dans le processus de GPA ? Existerait-il un droit à l’enfant ?
Le chapitre signé par Monette Vacquin qui conclut l’ouvrage mérite d’être souligné. Avec un recul rare, la psychanalyste met en lien les dérives du passé et du présent pour mieux nous mettre en garde contre ce qui est encore à venir. « La technoscience-économie mène un train qui n’a pas dit son dernier mot, alerte-t-elle, et une question majeure pour l’avenir pourrait bien être celle de l’alliance de la raison instrumentale à une vision insurrectionnelle de la liberté. »
Editions : Odile Jacob
Date de parution : 3 novembre 2021
Nombre de pages : 304