Les directives anticipées, créées par la loi léonetti de 2005, ont vu vu leurs conditions d’applications modifiées par la loi Claeys-Léonetti de 2016 (cf.Fin de vie : les « nouveaux droits des patients » précisés par décrets). La psychologue Delphine Teles, qui travaille dans l’équipe de soins palliatifs du CHU Saint Denis de La Réunion, propose une réflexion critique sur les enjeux et les conséquences de cette possibilité d’ « anticiper sa fin de vie ». Elle invite à une « une éthique de la vulnérabilité », pour aller vers une « relation de soin à l’autre ».
Pour Delphine Teles, sur un plan individuel, les directives anticipées sont les « volontés de la personne au moment où elle les rédige ». Il y a donc un « décalage temporel entre le moment de la rédaction et celui de la situation réelle. » Selon la psychologue, les directives anticipées « figent la temporalité », en laissant de côté « le changement et les effets qu’elles entraînent ».
Sur un plan social, les directives anticipées représentent une « revendication d’autonomie » qui renvoie « le mourant à sa solitude » et le coupe du dialogue avec son médecin, lui-même dispensé « de réfléchir et penser les situations complexes de fin de vie » (cf. « La mort n’est pas un problème médical à résoudre »).
Enfin, la psychologue souligne que les directives anticipées dispensent « les citoyens que nous sommes de réfléchir à notre inévitable vulnérabilité et dépendance » et par conséquent « à la nécessité de faire confiance à un autre » (cf. Fin de vie : Danielle Moyse souligne les dangers de l’anticipation).
Bioethique.com (Delphine Teles), 27/10/2016.