Les différentes formes de l’eugénisme

Publié le 1 Mar, 2005

La revue Zenit fait une analyse sur l’eugénisme de Auschwitz à nos jours.
Deux commémorations importantes ont mis en évidence la sujet de la vulnérabilité de la vie humaine : le 60ème anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz en Pologne et les manifestations contre l’arrêt Roe v/ Wade de la Cour Suprême des Etats Unis qui a légalisé, en 1973, l’avortement jusqu’au neuvième mois de grossesse.

En s’appuyant sur de récents articles de presse et études, Zenit revient sur différentes pratiques qui démontrent que l’eugénisme est toujours d’actualité, sous différentes formes. Dec Katie Grant, éditorialiste du quotidien Scotsman du 27 décembre, écrit "l’idée d’éliminer des défauts au moyen de la procréation c’est de l’eugénisme pur et dur et nous ne rendons service ni à la société, ni à nous-mêmes, en employant des euphémismes pour cacher notre embarras face aux connotations négatives de l’eugénisme depuis Hitler".

La BBC a rapporté le 23 janvier 2005 que, selon une étude publiée dans le Dutch Journal of Medicine, des médecins hollandais ont reconnu avoir supprimé depuis 1997, 22 nouveaux-nés en phase terminale et que 15 à 20 nouveaux-nés handicapés sont supprimés chaque année. Aucun docteur n’a été dénoncé, bien que l’euthanasie pour les enfants soit illégale aux Pays-Bas.
Dans le Telegraph de Londres du 26 décembre 2004, Eduard Verhagen, chef du service de pédiatrie à l’hôpital Groningen, a pris la défense de ces pratiques, soutenant que le fait d’administrer du poison à ces enfants était un « choix humain » qui leur évitait la contrainte de la souffrance. Le Dr Verhagen a affirmé que le gouvernement hollandais était en train d’élaborer des normes pour permettre aux médecins de pratiquer l’euthanasie sur des enfants. Dans le même journal, l’évêque catholique de Groningen, Wim Eijk, a rappelé qu’il ne relève pas des compétences de l’Etat d’autoriser des médecins à mettre fin à la vie des enfants, n’étant pas en mesure de décider de leur propre mort.

Le British Medical Journal du 8 janvier 2005 publie une enquête, commissionnée par la Royal Dutch Medical Association, qui conclut que les médecins devraient pouvoir aider à faire mourir les personnes qui, même si elles ne sont pas physiquement malades, "ressentent un mal de vivre". Henk Jochemsen, Directeur du Lindeboom Institute for Medical Ethics, s’inquiète de certaines recommandations de ce rapport selon lequel "en tant que société nous aurions le devoir de dire aux personnes qui ont le sentiment que leur vie n’a plus d’intérêt : c’est juste et c’est mieux que tu t’en ailles".

Des déclarations récentes sur l’utilisation des technologies génétiques pour obtenir le « meilleur » enfant possible rappellent les programmes nazis pour l’amélioration de la qualité de la race. Le Pr Julian Savulescu, professeur à l’Université d’Oxford et au Murdoch Children’s Research Institute, a ainsi affirmé lors d’un colloque à l’université de Melbourne : "si tu as prévu d’avoir un enfant, tu dois avoir le meilleur enfant qui existe" et ceci grâce aux techniques de sélection génétique.
Le Times du 5 décembre 2004 cite Mme Flather, ex présidente de l’association du planning familial, pour qui les pauvres doivent cesser d’avoir beaucoup d’enfants. Actuellement directrice de la Marie Stopes International, une des plus grandes cliniques britanniques qui pratiquent l’avortement, elle a été immédiatement accusée de soutenir l’eugénisme.

Un reportage du Wall Street Journal du 23 novembre 2004 montre qu’aux Etats-Unis, le recours aux techniques de sélection d’embryons selon leurs critères génétiques est de plus en plus important car le service sanitaire public couvre la plus grande partie des dépenses. Le diagnostic génétique préimplantatoire (DPI) concerne normalement les couples non stériles, concerné par un problème de maladie génétique ou chromosomique, qui souhaite un enfant non porteur de la maladie. Après une fécondation in vitro, les embryons sont sélectionnés pour que ne soit implanté que l’embryon certifié exempt de la maladie redoutée. Aux Etats-Unis, cette technique coûte de 3000 à 4000 euros, en plus de la fécondation in vitro (FIV) qui coûte environ 6000 euros.
Selon Yury Verlinsky, directeur du Reproductive Genetics Institute de Chicago et à l’origine du premier enfant DPI,
1500 enfants dans le monde sont nés grâce au DPI.

En Écosse, le Glasgow Royal Infirmary a demandé plus de financement public pour appliquer le DPI à un plus grand nombre de couples. Ian Murray, directeur de la Society for the Protection of the Unborn Child en Ecosse, s’y est fortement opposé car le DPI "n’a aucune valeur thérapeutique et peut être assimilé à de l’eugénisme. Les personnes handicapées n’en retirent aucun bénéfice : ça les tue, tout simplement. Il y a 60 ans, on condamnait des docteurs nazis pour eugénisme, a rappelé Murray. Et le diagnostic préimplantatoire n’est rien d’autre qu’une application moderne".

 

Zenit 01/03/05

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