A l’heure des débats sur la « PMA pour toutes », respectivement pédopsychiatres et psychanalystes, Christian Flavigny et Michèle Fontanon-Missenard rappellent dans une tribune l’importance de la référence au père pour la construction de l’enfant.
Le père est une « référence symbolique » et le meurtre symbolique du père, le « pilier de la civilisation ». Il s’agit ici de l’ « impatience de la génération nouvelle de prendre la place [du père] et de lui succéder », transformée « en profit de transmission entre les générations, situant l’enfant dans la généalogie familiale et par-delà son devenir humain ». Selon Freud, « le meurtre symbolique du père, parce qu’il cristallise la haine et la condense, est le pivot de la culture ». L’éliminer, conduirait les frères à « s’entredéchirer ».
Une fois rappelé ces concepts, Christian Flavigny et Michèle Fontanon-Missenard montrent que légaliser la « PMA pour toutes », c’est engager une désymbolisation qui « équivaudrait à dissoudre toute référence », et « créerait le vide de père, le désert de paternité ». Voter une loi « PMA pour toutes », c’est « décréter facultative la présence du père pour l’enfant », c’est « ravaler la paternité au rang d’une simple option », c’est réduire le père à néant. A la différence des situations où les enfants sont privés de père du fait d’aléas de la vie, car dans ces cas, « même écarté, même insaisissable, même effacé, il demeure alors une trace du père ».
Avec la « PMA pour toutes », « la filiation deviendrait incohérente », et cette incohérence serait « rendue impensable [à l’enfant] parce qu’imposée comme une banalité avalisée collectivement ». « La parole collective noierait le nécessaire questionnement de l’enfant sur sa carence de père ».
En outre, les deux auteurs déplorent que le débat actuel soit « muselé par un âpre procès en discrimination plutôt qu’abordé sur le fond », ce qui « résume à une simple dispute sociale ce qui est un enjeu de portée anthropologique ».
Le Figaro (28/09/2018)