Intervenant dans le cadre du séminaire de recherche au Bernardins intitulé « Humanisme, Transhumanisme, Post Humanisme », Franck Dammour, historien et essayiste, revient sur le contexte dans lequel est né le transhumanisme.
C’est en Californie que ce courant d’idée est né, au début des années 1990, dans cette « usine à rêve » à qui l’on doit également le New Age, les techniques de développement personnel, ou le mouvement LGBT, qui se sont diffusés dans le monde entier et « connaissent un succès étonnant ».
Appelé à l’origine « Extropy », le transhumanisme se proposait de « mettre à portée de tous une vie prolongée, sans vieillesse, la colonisation spatiale, l’augmentation de nos capacités etc. ». De son enracinement américain, il garde cette conception de la technologie accessible à tous, « tout le monde devenant à la fois consommateur et entrepreneur ; les technologies sont là pour nous transformer, modifier notre esprit et notre rapport au monde, métamorphoser notre corps ». Aujourd’hui, proposer le décryptage du génome pour 999 dollars participe de cette vision. Les thématiques transhumanistes sont donc à la fois « un argument commercial et une conviction idéologique » : « c’est par le business que l’utopie technologique peut se développer ».
Le développement des technologies n’est pas neutre explique par ailleurs Franck Dammour. Les objets matérialisent une vision de la société ou de l’homme. Il appelle alors les mouvements citoyens et partis politiques à se saisir « plus largement qu’actuellement » de ces questions : « Quels objets voulons-nous pour vivre ? Des technologies qui dissolvent le monde ou qui le favorisent ? Des technologies citoyennes ou individualistes ? »
La Croix (21/06/2016)