Le Monde s’interroge : "A qui profite le trafic d’organes ?". Pour l’association suisse Actares ce marché – florissant en Chine notamment – profite surtout aux entreprises pharmaceutiques via les traitements immunosuppresseurs qu’elles commercialisent. En 2007, le marché chinois avait rapporté 22 millions de dollars au laboratoire Novartis. Roche, leader sur le marché de la transplantation, avec l’immunosuppresseur Cellcept qui fait partie de ses dix médicaments les plus vendus dans le monde, tient secret son chiffre d’affaires réalisé en Chine.
Sur les 10 000 transplantations pratiquées chaque année en Chine, Actares estime que 90% proviennent d’organes "prélevés sur des prisonniers froidement assassinés". Elle ajoute que "certains indices corroborent le soupçon selon lequel les arrestations et les condamnations à mort sont en phase avec la demande d’organes". Certains prisonniers seraient donc mis à mort dans le seul but de répondre à la demande d’une clientèle fortunée en quête d’un cœur, d’un poumon, d’un rein, d’un foie…
Actares a pour objectif de faire pression sur les laboratoires pharmaceutiques pour qu’à leur tour ils demandent au gouvernement chinois de s’engager à respecter les standards éthiques internationaux. Depuis 2007, la loi oblige les donneurs ou leurs familles à donner leur consentement écrit avant tout prélèvement et la Haute cour de justice doit approuver la transplantation. Par ailleurs, toujours selon la loi, la Croix Rouge dispose d’un droit de regard sur chaque transplantation.
Le laboratoire Roche ajoute qu’un "fichier national des transplantations sera mis en place dans le but d’améliorer la traçabilité des organes" et dit soutenir toutes les initiatives du gouvernement chinois visant à "moraliser le système". Novartis affirme avoir signé le premier un partenariat avec le ministère de la santé chinois pour que la Chine se tienne aux standards internationaux en ce qui concerne le prélèvement d’organes.
Le Monde (Yves Mamou) 04/03/08 – MedHyg.ch (Jean-Yves Nau) 07/03/08