Le suicide assisté : « une contradiction dans les termes »

23 Jan, 2023

Olympe est une « influenceuse » de 23 ans. Souffrant d’un trouble dissociatif de l’identité, elle a annoncé via les réseaux sociaux « son intention d’avoir recours au suicide assisté en Belgique dans le dernier trimestre de l’année 2023 ». Une vidéo devenue « virale ». La jeune femme compte « plus de 250.000 abonnés ».

« Je suis seule et c’est une des raisons de ma décision », explique Olympe, ou Lily de son vrai nom, affirmant que « sa décision n’était en rien liée à son trouble dissociatif de l’identité ».

« Les ados sont à la recherche de modèles pour se construire, et on sait qu’ils sont très vulnérables aux messages “pro-suicide”. L’empathie peut être un piège », alerte le psychiatre Michel Debout, membre de l’Observatoire national du suicide.

L’indifférence à autrui

Pour Christian Flavigny, pédopsychiatre et psychanalyste, Olympe « nous tend un miroir de ce qu’est le lien humain dans ce que nous appelons non sans prétention notre “modernité” sociale : l’indifférence à autrui sous couvert de la liberté laissée à chacun d’être aidé à s’éliminer, désormais érigé comme un droit faisant de cette aide à exécution la marque du respect dû à autrui ». « Tel est le suicide-assisté, dont l’intitulé est une contradiction dans les termes », analyse-t-il.

« L’intention de suicide n’est jamais chez les jeunes un désir de mourir », assure le pédopsychiatre. « Il ne s’agit pas de mourir comme une fin, d’ailleurs floue à cet âge et au fond à tout âge, mais de mourir comme un passage pour renaître à une vie qui paraisse plus légère à assumer », explique Christian Flavigny. Dès lors « prétendre assister [le jeune] en déclenchant sa mort à la raison qu’elle va apaiser sa souffrance, c’est ne pas saisir la main désespérée qu’il nous tend ».

Un désintérêt sous un masque d’empathie

« Cette exhibition est une interpellation », indique le médecin. Et « cautionner » l’« option » de l’« aide médicale à mourir » « ne traduirait pas notre empathie à l’égard de sa souffrance mais le fait de s’en désintéresser et de laisser la jeune femme se débrouiller avec elle-même ». Un « humanisme individualiste » finalement, dénonce Christian Flavigny.

« Transition de genre », suicide assisté, « que traduit le fait que nos sociétés actuelles tranchent, si l’on peut dire, en faveur de la “solution” qui s’en prend au corps » ?, interroge le pédopsychiatre. « Est-ce, au prétexte de respecter stricto sensu la parole, serait-elle celle d’un enfant ou d’un jeune, éviter d’entendre l’appropriation de leurs vies avec laquelle ils demeurent en débat ?, interpelle-t-il (cf. « Transition de genre » : le mineur apte à consentir ?). Est-ce la prétention de nos sociétés “progressistes” de dominer et de régir ce qui hante la condition humaine : la sexualité et la mort ? »

 

Sources : Le Figaro, Agnès Leclair (20/01/2023), Christian Flavigny (21/01/2023)

DERNIERES ACTUALITES
Fin de vie : à qui profite le crime ?

Fin de vie : à qui profite le crime ?

A l’heure de l’examen de la proposition de loi relative à la fin de vie par la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, le Dr Béatrix Paillot, gériatre, interroge les véritables motivations de cette priorité législative. Si nous sommes un tant soit...

Partager cet article

Toute l’actualité bioéthique
chez vous, gratuitement

Cochez vos choix :

Votre courriel est nécessaire à l'envoi de la lettre. Pour en savoir plus sur la gestion de vos données personnelles et pour exercer vos droits, consultez notre politique de confidentialité.

Recevez notre lettre hebdomadaire

Recevez notre lettre hebdomadaire

Chaque semaine notre décryptage de l'actualité bioéthique et revue de presse.

Votre inscription a bien été prise en compte.