"Notre vocation de médecin n’est pas d’aider les patients à mourir, autrement dit de les tuer". C’est ainsi que deux médecins, Jean-Roger le Gall et Francis Wattel, anciens chefs de service de réanimation, dans une Tribune du Quotidien du Médecin du 3 mai 2012, dénoncent l’assimilation faite actuellement entre l’assistance à la fin de vie [ndlr : soins palliatifs] et l’euthanasie, véritable acte criminel.
Ces professeurs rappellent que le rôle du réanimateur n’est pas "de mettre fin à une vie […] ni de répondre à une requête explicite du patient pour qu’un tiers lui donne la mort" mais bien de préserver la vie en évitant "des souffrances inutiles jusqu’au moment où [les soins prodigués deviendraient] de l’acharnement thérapeutique."
Pour les deux médecins, la priorité d’un service de réanimation consiste donc à "gérer au mieux la fin de vie", et non à provoquer des homicides volontaires, sous couvert d’ "assistance médicalisée pour mourir."
Cette mission du service peut être mise en œuvre :
– "en mettant le patient au cœur d’une relation de confiance entre son entourage et l’équipe de soin", c’est-à-dire en développant le lien de personne à personne,
– en développant la place de la "personne de confiance" prévue ainsi que le prévoient les lois du 4 mars 2002 et du 22 avril 2005, relatives aux droits des malades et à la qualité du système de santé,
– en proposant aux malades et aux proches une assistance "religieuse, spirituelle, psychologique mais aussi pratique".
Ainsi, les deux anciens chefs de service concluent que l’euthanasie est une "cause désincarnée" […] "qui n’est pas compatible avec l’éthique médicale" et "encore moins avec l’attente de la grande majorité [des] patients." Ils souhaitent continuer à "faire [leur] métier en préservant la vie".
Le Quotidien du Médecin (Jean-Roger Le Gall et Francis Wattel) 03/05/12