Alors que la FIV à trois parents fait l’objet de débats internationaux, le Comité consultatif de bioéthique de Singapour a récemment ouvert une consultation publique sur les aspects éthiques, sociaux et juridiques du don de mitochondries. Elle est principalement destinée à informer la politique de donation mitochondriale à Singapour.
Mais plus largement, elle interroge sur l’opportunité de son acception sociale. Le don mitochondrial est une forme de FIV qui utilise l’ADN nucléaire de deux parents intentionnels, ainsi que l’ADN mitochondrial d’une troisième femme (cf. Un bébé, 3 ADN, 3 transgressions [infographie]). La technique peut être utilisée pour prévenir la transmission de certaines maladies mitochondriales héréditaires rares. Détournée, elle sert de traitement de fertilité pour certains couples pour lesquels la FIV traditionnelle n’a pas fonctionné. Deux enfants au moins sont déjà nés de cette technique controversée l’un au Mexique et l’autre en Ukraine. D’autres sont attendus au Royaume-Uni où la technique est règlementée.
Mais les risques et les coûts pour les individus et la société justifient-ils la technique ?
Le risque le plus important qui a été souligné est lié au fait que certaines mitochondries défectueuses pourraient néanmoins être transmises aux enfants par les mères porteuses d’une maladie mitochondriale.
Par ailleurs, si tout nouveau traitement biomédical est inévitablement incertain et nécessite des investissements sociaux pour décoller, nous acceptons ces coûts au motif que les avantages, tels que le traitement d’une maladie autrement dévastatrice, valent la peine. Mais dans le cas d’une maladie mitochondriale, cette technique n’implique pas de guérir une personne existante d’une maladie, mais plutôt d’amener quelqu’un à exister sans cette maladie.
Les couples qui pourraient profiter du don mitochondrial pour avoir des enfants ont actuellement accès à des alternatives avec des risques et des coûts beaucoup plus faibles. Alors, quelle valeur ajoutée pourrait justifier les risques et les coûts liés à l’utilisation de cette technique ? Un enfant conçu en utilisant le don mitochondrial aura l’ADN nucléaire combiné de la mère et du père, avec seulement l’ADN mitochondrial, qui constitue une très petite proportion du génome global, d’un troisième individu, est génétiquement apparenté. « Cette valeur » peut-elle à elle seule justifier une telle prise de risques et d’en assumer les coûts ?
Bionews (14/05/2018)