Le directeur d’un Cecos se dit réticent au projet de loi ouvrant la PMA aux couples de femmes

Publié le 15 Jan, 2013

 Dans une interview accordée au quotidien Le Figaro, le professeur Jean-Philippe Wolf, directeur du Centre d’études et de conservation des oeufs et du sperme humains (Cecos) de l’hôpital Cochin à Paris, se dit réticent au projet de loi visant à ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes. A ce titre, il interpelle sur plusieurs points: "les homosexuels, en général, ont-il un droit à l’enfant comme on peut avoir un droit au logement ? Doit-on ensuite employer des moyens médicaux hypersophistiqués pour créer un enfant répondant à ce désir, quitte à le placer d’emblée dans une situation un peu bancale? Créer de façon expérimentale un enfant avec ‘deux mamans’ ?". Il explique: "depuis la première banque du sperme en 1973, la naissance d’Amandine, premier bébé né d’une fécondation in vitro en 1982, nous, médecins, avons l’impression d’être des magiciens. Nous ‘fabriquons du bonheur’ ". Il ajoute: "cela s’est passé avec le don de sperme, on a mis de beaux bébés au monde qui ont maintenant 25 ans et nous posent des questions". 

A la question de savoir ce qu’il pense des femmes homosexuelles qui décident d’aller "faire un bébé" dans les pays européens où cela est possible, le directeur du Cecos  répond que "ce n’est pas parce qu’un ‘PMA business’ s’est développé en Belgique, en Espagne ou ailleurs, qu’il faut faire pareil". Tout en précisant bien qu’il ne considère pas comme des "monstres" ses collègues médecins qui réalisent des PMA dans ces pays, le Pr Jean-Philippe Wolf explique cependant que ces derniers "répondent à une demande, ils ne se placent pas sur le terrain éthique", précisant que par la suite, "les homosexuels vont réclamer le même droit, c’est-à-dire la gestation pour autrui" à laquelle il se dit "totalement opposé". En effet, "que se passera-t-il si la femme meurt en couche? Qu’arrive-t-il si l’enfant est trisomique et que personne n’en veut? Quelles répercutions pour les enfants de la mère porteuse qui la verront enceinte? Sans compter que lorsque l’on paie les gens, on ouvre la porte à toutes les dérives", citant, à titre d’exemple, "un bébé qu’une mère porteuse avait voulu vendre au plus offrant sur internet? ". 

Enfin, interrogé sur son opposition à la levée de l’anonymat en matière de don de sperme, le Pr Jean-Philippe Wolf se justifie en effectuant un parallèle avec le système du don du sang. En effet, dans le cadre du don du sang, il rappelle que "le principe est qu’une personne sauvée par une transfusion ne doit pas savoir qui l’a sauvée car elle ne pourra jamais rembourser une telle ‘dette’. On ne rembourse pas une personne qui vous a sauvé la vie". A propos du don de sperme, il poursuit en mentionnant qu "il faut aussi savoir que le mouvement voulant imposer la fin de l’anonymat pour les dons de sperme est extrêmement minoritaire. Dans les pays où l’on peut connaître l’identité du donneur, rares sont les personnes qui usent de ce droit. En Grande-Bretagne, 10% des gens demandent et seul 1% va au bout des démarches".

 Le Figaro (Marie-Amélie Lombard-Latune) 16/01/13

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