Le dépistage génétique du cancer n’est pas sans répercussions psychiques

Publié le 12 Fév, 2018

Marta Vitale, psychologue suisse, a suivi 125 personnes ayant réalisé un dépistage génétique de prédisposition à développer un cancer. Soulagement, inquiétude, culpabilité, les réactions sont variées mais personne ne reste indifférent, quelle que soit l’issue du dépistage. Les résultats de son étude ont été publiés dans un livre : Psychanalyse et prédiction génétique du cancer, la certitude de la probabilité.

 

Comment continuer à vivre quand on sait qu’un cancer peut se déclarer du jour au lendemain ? Pour certains, le résultat du dépistage vient juste confirmer un risque familial déjà connu, et n’ajoute rien à l’inquiétude présente. Pour d’autres, au contraire, le dépistage négatif est un soulagement qui permet de se libérer du carcan d’un mythe construit génération après génération…

 

Il arrive que l’annonce d’une mutation génétique à l’origine du cancer soit parfois bien accueillie, car cela « peut donner une explication concrète, une raison à l’apparition du cancer », explique Marta Vitale, comme pour cette patiente atteinte d’un cancer du côlon, dont l’alimentation avait toujours été mise en cause.

 

 « On estime (…) qu’une femme porteuse d’une prédisposition sur le gène BRCA1 ou BRCA2 aura un risque de présenter un cancer du sein de l’ordre de 60 à 85%, contre 10 à 12% dans la population générale ». La probabilité de transmettre la mutation héréditaire étant de 50%, les patients ont généralement besoin d’un long temps de réflexion pour trouver les mots justes et l’annoncer à leur famille. Ils considèrent souvent que c’est par égoïsme qu’ils ont demandé ce dépistage. Ils ressentent beaucoup de culpabilité à garder l’information pour eux, mais aussi à la donner : « Si j’avais moi-même disposé de ces informations, il est probable que mon affection aurait pu être diagnostiquée antérieurement. J’espère surtout ne pas vous avoir alarmé…», écrit une patiente souffrant de cancer du sein, dans une lettre à ses cousins, plus d’un an après avoir découvert la mutation génétique à l’origine de son cancer.

Le Temps (12/02/2018)

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