La souffrance post-avortement

Publié le 27 Juin, 2008

En France, une femme sur deux a avorté et, selon un sondage BVA, 86% d’entre elles estiment que l’avortement "laisse des traces psychologiques". L’hebdomadaire Famille Chrétienne consacre son dossier à cette souffrance post-avortement. Longtemps tue et ce notamment par le discours officiel, cette souffrance a fait récemment l’objet de plusieurs livres. De plus en plus de personnes – soignants, psychologues, femmes – tentent de "lever le voile sur ce drame intime couvert par une implacable loi du silence".

Selon l’hebdomadaire, le déni de cette souffrance s’explique entre autres par le statut ambigu que confère notre société à l’embryon et au fœtus. D’un côté, les progrès de l’échographie nous le font voir comme une personne et de l’autre, il est considéré comme un "déchet opératoire". Les femmes ne sont donc pas préparées aux conséquences qu’un avortement peut avoir sur elles. "Pour tout médicament, on donne la liste des effets secondaires. Pas pour cela", relève Guillemette Porta, membre de l’association Agapa qui accompagne notamment les personnes qui ont avorté.

Et, "puisque la société refuse d’entendre [la souffrance], l’entourage de la femme adopte la même attitude". Et ce, d’autant que les femmes "ne se reconnaissent pas le droit à la souffrance parce qu’elles ont elles-mêmes décidé leur IVG". Or, d’après le psychiatre Stéphane Clerget, auteur de "Quel âge aurait-il  aujourd’hui ?" (Ed. Fayard), "nier ces douleurs morales empêche de soulager les femmes qui en souffrent".

C‘est ainsi pour ne plus taire sa souffrance que l’actrice Macha Méril, devenue stérile à la suite d’un avortement, a publié son livre "Un jour je suis morte". "Cet événement, je l’ai minimisé, comme si ce n’était qu’une verrue ou un amas de cellules. On m’affirmait que ce n’était rien, que toutes les femmes l’avaient vécu au moins une fois ans leur vie. Si j’avais su !", écrit-elle. "N’écoutez pas mes sirènes d’un féminisme qui a troublé les esprits de plusieurs générations. Il n’y a pas de plus belle féminité que la maternité. C’est un luxe si j’en juge par ma peine, par la tristesse immense qui s’abat sur les femmes qui ne peuvent pas avoir d’enfant."

Psychothérapeute et auteur de l‘"IVG à cœur ouverts" (Ed. Quitenssence), Georges Romey insiste sur cette souffrance qu’il appelle "la plus intime des blessures" parce qu’elle "n’est avouable ni aux autres ni à soi-même". Il ajoute que, outre la mère, les autres membres de la famille ne peuvent pas ne pas être touchés par un avortement.

Rappelons qu’en France, on compte plus de 200 000 avortements par an ; 10 000 sont pratiqués par des jeunes filles de 15 à 17 ans. Aujourd’hui, trois adolescentes enceintes sur cinq avortent. Proposée en cas de malformation grave décelée ou supposée, une interruption médicale de grossesse (IMG) est acceptée dans 95% des cas ; on en recense 6 000 par an en France. En 2005, 44% des avortements ont eu lieu par RU 486, contre 38% en 2003. Enfin, selon une étude finlandaise, 34,7% des suicides chez les femmes ayant avorté, seraient associés à l’avortement.

Famille Chrétienne (Florence Brière-Loth) 28/06/08

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