Paris Notre-Dame consacre un dossier spécial à la révision de la loi de bioéthique et présente les enjeux essentiels des futurs débats.
Le journal publie d’abord une interview de Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et responsable du groupe de travail sur la bioéthique de la Conférence des évêques de France. Celui-ci rappelle que l’Eglise est attentive au discernement éthique sur l’usage des techniques biomédicales. Mgr d’Ornellas prône un vrai dialogue pour “faire avancer la réflexion de tous pour le bien de tous et non pour celui de quelques uns seulement”. “Par le dialogue nous pouvons tous arriver à reconnaître que le respect de la dignité de l’être humain dès le commencement de la vie est non négociable”. Il appelle à une cohérence de la future loi : “on ne peut légaliser à la fois le respect de l’enfant et la dissociation de la filiation dans ses dimensions affective, sociale et génétique”. Pour lui, la filiation est l’un des enjeux majeurs de cette révision : “nous ne pouvons pas construire durablement une société où le socle de la croissance humaine soit volontairement fragilisé”. Il insiste également sur la distinction à faire entre le diagnostic et le dépistage. Enfin, il appelle les catholiques à se former à ces questions.
Paris Notre Dame revient ensuite sur les principaux sujets de cette révision de la loi de bioéthique : la recherche sur l’embryon, le dépistage prénatal (DPN) et le dépistage préimplantatoire (DPI), l’indisponibilité du corps humain, l’assistance médicale à la procréation (AMP) et la filiation, le recours aux mères porteuses, le prélèvement d’organes et la question du consentement dans les protocoles de recherche.
En ce qui concerne le DPN, Paris Notre Dame et Mgr Aupetit, vicaire général, rappellent que cette technique est tout à fait souhaitable si son but est de rechercher des anomalies en vue du bien de l’enfant à naître, c’est-à-dire lorsque cela permet d’envisager un traitement. En revanche, quand le DPN a pour but de rechercher une affection en vue de supprimer l’enfant par une interruption volontaire de grossesse (IVG), cela pose de vraies questions éthiques. Et de rappeler que, face au diagnostic du handicap, la pression familiale et médicale permet rarement un vrai discernement. “La sélection des enfants sur leur code génétique relève d’une démarche eugéniste.” Enfin, le journal dénonce le DPI car il “repose sur une dissociation de la procréation et de l’union des époux qui soulève toutes les réserves éthiques associées à cette technique”.
Sur la question du prélèvement d’organes, le journal rappelle deux difficultés :
– celle du consentement préalable du donneur quand celui-ci est mort. Pour qu’il y ait don, il faut un consentement éclairé, or, depuis la loi de 1976, toute personne est considérée comme potentiellement donneuse quand elle n’a pas manifesté explicitement son refus d’un prélèvement de son vivant.
– celle des critères de mort car “la mort encéphalique peut être complexe” et dans le cas de prélèvement sur cœur arrêtée pose la question du moment et des critères de mort.
Enfin, Jean-Michel Boles, chef du service de réanimation médicale et urgences médicales de l’hôpital de la Cavale-Blanche du CHU de Brest et codirecteur de l’Espace éthique de Bretagne occidentale, s’interroge pour savoir si la greffe est un don ou un dû. Si c’est un droit, explique-t-il, “les médecins ont le devoir de la proposer (…) cela veut dire aussi qu’il est du devoir de chaque personne de les donner“. “Tout cela, il faudrait en décider collectivement. Or la communication sur le sujet a été volontairement réduite.” Le système de santé ne doit pas gouverner la totalité de la vie de l’individu et de la société. “Si la fin est bonne, les moyens ne le sont pas. Le prélèvement d’organes doit rester un don.”
Paris Notre Dame 19/03/08