Lors de la dernière assemblée générale de l’Académie pontificale pour la Vie, les membres se sont penchés sur la question de "l’éthique de la santé".
Le P. Maurizio Faggioni, franciscain, théologien et moraliste constate que la définition de la santé par l’OMS est devenue une exigence dans les pays riches : "La santé est un état de complet bien être physique, psychique et social, et pas seulement l’absence de maladie et d’infirmité". Le concept de la santé est ainsi devenu une religion de la santé où l’on doit tout faire à n’importe quel prix. De tels raisonnements poussent même certains à affirmer qu’une vie diminuée par la maladie ou le handicap ne vaut pas la peine d’être vécue. Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune dénonce que dans les pays riches ces "nouveaux besoins, promus par de nouveaux demandeurs, obéissent au seul critère du désir". Pour répondre à ces besoins explique- t-il, tout semble permis jusqu’à affirmer que la recherche sur l’embryon est justifiée par la solidarité générationnelle où le bébé-médicament symbolise l’espoir.
Ce constat est d’autant plus choquant quand on le rapproche de la situation des pays pauvres où des millions de personnes "luttent pour survivre à la faim et aux maladies" explique le P. Faggioni alors que "dans les pays riches la conception de la santé comme bien être crée des attentes irréalistes sur les possibilités de la médecine à répondre à tous les besoins et désirs des gens". Concrètement dans les pays pauvres, on manque de relais fiables. Dans son dernier rapport l’OMS fait appel ouvertement aux associations confessionnelles pour mettre en oeuvre les approches sectorielles.
L‘Académie pontificale pour la Vie s’est également penchée sur la question de la fin de vie. "Si la qualité de la vie devient un critère de la valeur de la vie humaine, on nie le fondement naturel et culturel de l’égalité et on introduit une éthique dévastatrice de l’inégalité" estime le P. Faggioni.
Face à cette "insulte" que représente l’idéalisation de la santé pour les pays pauvres, Jean-Marie Le Méné propose que l’on s’interroge sur la notion du "bien" de l’homme et que l’on accepte de réintégrer la question de la mort dans le débat.
La Croix (Yves Pitette) 07/03/05