Une étude britannique menée par le professeur Alastair Sutcliffe, et une équipe de scientifiques de l’University College London Hospital, a confirmé fin octobre 2015 le rôle du recours à la fécondation in vitro (FIV) dans l’accroissement du risque de cancer des ovaires chez les femmes stériles.
En comparant 250 000 patientes ayant subi une FIV à la population générale entre 1991 et 2010, l’étude a observé que parmi les premières, 15 sur 10 000 ont développé ce type de cancer, contre 11 sur 10 000. Le professeur Sutcliffe explique que l’étude démontre que si « elles ne présentent pas plus de risques de développer un cancer du sein ou de l’utérus, elles sont en revanche plus exposées à celui des ovaires. Notamment, et c’est important de le souligner, dans les trois ans qui suivent le traitement, qu’il aboutisse ou non à une grossesse ».
L’enjeu est double selon lui : convaincre les responsables britanniques de la santé de lancer une nouvelle politique de prévention, et surtout de mieux informer les femmes qui « ne sont pas assez conscientes des limites de la fertilité », et des « risques » que comporte la FIV.
Le docteur Pierre-Louis Broux, gynécologue à la clinique La Sagesse, à Rennes, appelle à la lucidité les patientes qui selon lui « consultent trop tard » en pensant que la procréation médicalement assistée (PMA) est la réponse au dépassement de l’horloge biologique. Mais « ce message passe mal », affirme-t-il, « surtout quand de grandes entreprises proposent de financer les réserves d’ovocytes de leurs employées. C’est un glissement de notre société ».
Elodie, qui a découvert quinze mois après cinq FIV consécutives effectuées quand elle avait 42 ans qu’elle avait une tumeur de 15mm, regrette de n’avoir pas été mieux informée. Mais pour elle, « les médecins font bloc, la PMA est un vrai business ». Le biologiste Jacques Testart, père scientifique du premier bébé-éprouvette partage cet avis : « Les FIV coûtent cher car les labos qui commercialisent les hormones de synthèse injectées aux femmes pour booster l’ovulation les facturent à un prix exorbitant pour notre Sécu surendettée ». S’acharner, « ne sert à rien » assure le professeur René Frydman, gynécologue, c’est seulement faire marcher le commerce.
Marie-Claire (09/03/2016)