La césarienne, une pratique pas toujours justifiée

Publié le 25 Mar, 2013

 Dans son supplément Sciences et éthique, le quotidien La Croix s’est intéressé aux naissances par césarienne. 
Tout d’abord, le quotidien s’est penché sur la Chine, qui détient le taux le plus élevé au monde de césariennes : entre octobre 2007 et mai 2008, 46,2% des accouchements se sont faits par césarienne, selon un rapport publié en 2010 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Diverses explications sont avancées. 

 

Ainsi, “beaucoup d’observateurs mettent avant tout en cause la responsabilité des médecins, dans un système de santé largement corrompu“. En effet, beaucoup de “témoignage relatent l’insistance du personnel pour orienter le choix des patientes vers l’intervention chirurgicale beaucoup plus chère et donc rentable…

 

En outre, “la politique chinoise de l’enfant unique est également responsable de cet engouement pour la césarienne“. Pour Thomas Lloret, adjoint du directeur d’un grand hôpital public de Shanghaï, cela en serait même la principale raison: “cela découle de la logique de ‘l’enfant roi’: il y a une surprotection de l’enfant par rapport à la maman, pour qui l’opération est plus risquée que l’accouchement normal. D’autre part, on sait que l’un des principaux risque de la césarienne est la rupture utérine en cas de deuxième naissance. Mais de fait, la question ne se pose pas en Chine“. Selon Ngai Fen Cheung, sage-femme et directrice de l’unité de recherche sur la profession de sage-femme de l’université normale de Hangzhou, dans la majorité des hôpitaux, “les tâches normalement réservées aux sages-femmes sont le plus souvent allouées aux médecins ou aux infirmières. Or, mal préparées, les futures mamans penchent plus facilement pour l’intervention chirurgicale“. 

 

Par conséquent, “la baisse du recours à la césarienne demande […] un changement plus profond des mentalités et des pratiques dont on commence à constater les signes“. Par exemple, “plusieurs formations de sages-femmes ont ouvert à travers le pays” et “de plus en plus de maternités militent activement pour l’accouchement naturel“. 

Puis, le quotidien s’est intéressé à la France. Pour la Fédération hospitalière de France (FHF), “la croissance du nombre de césarienne pose un problème car cette croissance n’est pas médicalement justifiée“. Avec un taux de césarienne de 14% en 1991, celui-ci est passé à 18% en 2001 puis à 20,2 % en 2009, un taux stable depuis. En Italie et au Portugal, ce taux est supérieur à 30%. Pour le professeur Paul Sagot, chef du service de gynécologie-Obstétrique du CHU de Dijon, “il n’en reste pas moins que nous faisons encore trop de césariennes injustifiée“. Car comme toute intervention chirurgicale, la césarienne n’est pas dénuée de risque. Il précise: elle “est associée à surrisque de mortalité maternelle. Celui-ci reste très faible mais il est quand même réel“. 

 

A propos des césariennes de “convenances“, le docteur Thierry Harvey, chef de service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital Diaconesses à Paris explique que “ces demandes sont en général liées à des peurs irraisonnés de certaines femmes vis-à-vis de l’accouchement par voie naturelle. Il faut alors prendre le temps de discuter avec elles et savoir résister à une demande non justifiée“. De même, pour le gynécologue Jacques Lansac, président de la Commission nationale de l’échographie obstétricale et foetale, “comme toujours, en médecine, on est dans un rapport avantages-inconvénients, dont on voudrait aujourd’hui s’extraire pour ne conserver que les avantages! Mais ce n’est pas possible: il n’est donc pas éthique d’effectuer des césariennes dites ‘de confort’, car on fait alors courir un risque à la future mère et à son enfant, sans que cela soit justifié par un impératif médical“. De plus, s’il admet que “cette pratique peut sauver des vies, […] elle doit à [son] sens, continuer à répondre à des critères médicaux et non pas sociétaux” et de préciser que “si la demande sociétale l’emporte, je crains que l’on oublie deux aspects fondamentaux: l’équilibre bénéfices-risques […] mais aussi la dimension universalité de la médecine“. Sur ce dernier point, le gynécologue Jacques Lansac, renvoie au fait que les “personnes aisées exigent une surmédicalisation pour des raisons de convenance” et “les femmes pauvres […] privées des conditions minimales de sécurité pour leur accouchement“. 

 

 La Croix (Gaël Bernard – PierreBienvault – Marine Lamoureux) 26/03/2013

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