Bernadette Adams a 78 ans. Elle a accompagné son mari, Jean-Pierre Adams, ancien joueur de football international, resté 39 ans dans un « état de conscience minimale » après « un accident d’anesthésie » (cf. Le footballeur Jean-Pierre Adams, 39 ans en état végétatif, est mort).
« Une présence muette »
Les médecins « n’ont jamais affirmé que sa condition était irréversible » et l’épouse de Jean-Pierre Adams ne s’est jamais résignée au silence de son mari. « Tous les jours, je touchais ses lèvres, je lui disais ”allez, parle-moi” !, raconte-t-elle. Tous les jours à lui répéter la même chose, le pauvre… ». Il était « comme une présence muette, mystérieuse, loin de l’homme qu’elle avait connu avant ». Mais « il avait l’ouïe et l’odorat ». « Jean-Pierre toussait, il sursautait, la télévision et la radio l’apaisaient », explique Bernadette. Et quand elle lui mettait son parfum, « il le humait ». « Son moment de bonheur ».
Mais tout le monde ne perçoit pas cette présence. Et « les gens avaient de fausses idées », regrette la femme du footballeur, évoquant Thierry Roland qui avait expliqué à la télévision ne pas vouloir voir Jean-Pierre Adams « avec des tuyaux partout ». Pourtant, « il ne dépendait d’aucune machine ». Et « tandis que son entourage vieillissait, lui ne prenait pas une ride ».
« Les enfants étaient heureux que leur père soit là. Les petits-enfants encore plus. »
« Cela peut paraître curieux, mais les enfants étaient heureux que leur père soit là. Les petits-enfants encore plus », raconte Bernadette Adams. « Même après son accident, Jean-Pierre les réunissait encore. Tous ses anniversaires étaient célébrés, la fête des pères aussi. » Et ses petits-enfants venaient « spontanément » embrasser les joues de leur grand-père. « À la différence des adultes, ils n’étaient pas impressionnés. »
Durant 39 années, Bernadette Adams a organisé ses journées autour des soins à apporter à son mari. Il est décédé le 6 septembre 2021, à l’âge de 73 ans. Depuis Bernadette confesse ne plus aller dans la chambre de son époux. « C’est trop dur. » « Quand j’étais abattue, il n’était pas très vaillant non plus », affirme-t-elle. « Il avait besoin d’elle comme elle avait besoin de lui. »
Source : La Croix, Héloïse de Neuville (02/11/2021) – Photo : iStock