Jean Leonetti : “La loi sur la fin de vie pourrait être amendée sur deux points”

Publié le 3 Oct, 2012

Dans un entretien accordé au journal La Croix, le député UMP Jean Leonetti "estime que la loi de 2005 sur la fin de vie qui porte son nom peut être améliorée" en rendant "les directives anticipées plus contraignantes" et en prévoyant "une sédation terminale dans certaines circonstances".

A la question de la journaliste : "la loi du 22 avril 2005 sur la fin de vie peut-elle être améliorée ?", Jean Leonetti explique que "cette loi n’est pas parfaite" et que d’ailleurs, "il faudrait se méfier d’une loi sur la fin de vie qui prétendrait être parfaite". Sur le premier point, à savoir sur les "directives anticipées", il précise que la loi de 2005 "prévoit que [ces directives] s’appliquent pour une durée de trois ans, sont réversibles à tout moment et qu’elles doivent être consultées par le médecin". Jean Leonetti propose ainsi un "système plus contraignant", citant alors quelques exemples : "un malade ayant fait part de sa volonté de ne pas être réanimé après telle ou telle complication grave pourrait bénéficier de directives opposables ‘sauf si’. Autrement dit, le médecin serait tenu de les respecter, à moins de justifier de conditions tout à fait particulières". Par la suite, le député UMP évoque le cas de "certaines situations particulièrement douloureuses après une réanimation", avec le cas "d’un nourrisson très grand prématuré promis à une vie végétative, un jeune cérébrolésé après un accident et sans espoir de retour à la conscience etc". Dans ces cas, il précise qu’ "en France, la démarche est de réanimer au bénéfice du doute, pour être sûr de ne pas baisser les bras vis-à-vis de ceux qui pourraient s’en sortir", ajoutant que "le revers de cette approche est de pousser parfois trop loin la réanimation dans des cas désespérés". Ainsi, "dans ces cas dramatiques, il faut prévoir une sédation terminale, qui, c’est vrai, est à la limite de l’euthanasie, mais se justifie car il n’est pas question de laisser une personne mourir à petit feu durant une ou deux semaines après l’arrêt des traitements".

Réagissant à cette proposition, la journaliste précise : "on décide alors que telle vie ne mérite pas d’être vécue… ". Jean Leonetti répond que "toute vie mérite d’être vécue, mais il y a des cas extrêmes. On peut légitimement se demander si une vie sans relation, sans conscience et sans espoir d’amélioration quelconque, sur un lit, avec un corps qui se délite est effectivement une vie, sans même parler des conséquences que cela comporte pour l’entourage".

La journaliste de La Croix interroge alors le député UMP afin de savoir pourquoi est ce qu’il considère "qu’il ne faut pas aller plus loin, sur le modèle belge ou suisse". A cette interrogation, il explique que "nous somme là dans un conflit de valeurs, entre une éthique de la vulnérabilité […] et une éthique de l’autonomie […] ". Il ajoute : "je suis attaché à la première mais je ne dis pas que l’une vaut mieux que l’autre. La question centrale est : sur quels critères fonde-t-on le ‘droit à mourir’ ? ". Pour Jean Leonetti, "si ce sont des critères médicaux, alors on se trouve en phase terminale d’une maladie incurable et la loi de 2005 s’applique, éventuellement à travers le double effet. Si le critère est la seule volonté libre, éclairée et réitérée, alors il s’agit du suicide assisté. On se retrouve dans un système à la Suisse, où 30% des personnes mortes après ce type d’assistance ne souffrent pas d’une maladie mortelle. On institutionnalise un ‘droit opposable’ à la mort, avec toutes les conséquences que cela comporte vis-à-vis des plus vulnérables d’entre nous".

La Croix (Bernard Gorce et Marine Lamoureux) 04/10/12 – Lefigaro.fr 03/10/12

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