Jean Léonetti et le cas Morten Jensen

Publié le 16 Juin, 2006

Jean Leonetti, auteur de la loi sur la fin de vie, est questionné sur le cas de Morten Jensen, jugé pour euthanasie et acquitté (cf. revue de presse du 15/06/06).

A ses yeux, cette affaire ne justifie pas une révision de la loi sur la fin de vie car "aucune loi ne résoudra tout". Satisfait de l’acquittement de Morten Jensen -"un geste impulsif, compréhensible et excusable" – il considère qu’il n’est pour autant "pas possible d’ériger son acte en loi universelle". Pour lui, le corps médical n’est pas assez "imprégné" des règles de bonnes pratiques en matière de soins palliatifs. La mort d’un malade ne peut être accélérée "parce que l’entourage du mourant ou l’équipe soignante n’en peut plus".

Le Monde revient sur l’acquittement de Morten Jensen. L’avocat général réclamait au nom d’un "juste équilibre entre la nécessité humanité et le rappel à la loi" une "peine de principe" de deux ans de prison avec sursis. Il a prévenu les neuf jurés (huit femmes et un homme) : "Mesurez bien la portée de votre décision. Acquitter, ce serait dépénaliser l’euthanasie active, aller au-delà des législations les plus permissives qui existent dans ce domaine en Europe". Le Président de la Cour, touché par cette affaire de "passion et de compassion", a déclaré "la matérialité et la finalité de l’acte sont reconnues, le problème est ailleurs"…

Pierre-Yves Le Priol, dans La Croix, déplore "la culture compassionnelle" de la télévision face à l’euthanasie. Il met notamment en cause le reportage de Soir 3 sur l’acquittement de Morten Jensen et dénonce l’instrumentalisation de l’envoyée spéciale (consciente ou non) par des militants pro-euthanasie, présents au procès. Dans le reportage, Morten Jensen est présenté comme "un héros", un "exemple à suivre". La journaliste s’est laissée "submerger par le pathos et les bons sentiments" si bien que son reportage manquait de recul, de distance. J.Y Le Priol félicite la présentatrice Marie Drucker d’avoir donner la parole en contrepartie au philosophe Jacques Ricot "très réservé sur cette affaire" et qui a bien remis en perspective la question de "l’interdit du meurtre".

 

Le Monde (Sandrine Blanchard) 16/06/06 – La Croix (Jean-Yves Le Priol) 16/06/06

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