Le journal Libération publie le témoignage d’une jeune femme aveugle, Stéphanie Alleys qui dénonce l’arrêt rendu la semaine dernière par la Cour de Cassation. Nous vous en livrons ici quelques extraits qui mettent en exergue toute la rancœur des personnes handicapées face à cette décision de justice.
“Je sais ce qu’est aimer, être aimée. N’est ce pas l’essence de la vie?.[…] Je sais ce qu’est chanter, travailler, apporter de la joie autour de moi, mais voir ça, je ne sais pas“. “Me manque t-il alors quelque chose de si important que les magistrats de la plus haute juridiction française estiment que cette vie là ne vaut pas la peine d’être vécue? Stéphanie Alleys dénonce également toutes les décisions prises sur le dos des personnes handicapées en affirmant :”Ou bien ais-je la chance de ne pas être suffisamment handicapée pour entrer dans ce jugement?” “Ce n’est surtout pas à nous, handicapés, qu’on a posé la question : ce sont des non-handicapés qui ont décidé, avec leur propre échelle de valeurs, que de telles vies étaient trop invalidantes pour mériter d’éclore et de mûrir.” Enfin, cette jeune femme souligne qu’il nous faut s’inquiéter des normes qui nous seront bientôt opposées : ” Excusez-moi de vivre[…] de faire tâche dans une société si parfaite qu’elle n’admet pas les êtres à qui il manque quelque chose qu’elle juge essentiel pour vivre.”
Libération 01/12/01