« Ce mot de suicide assisté ne passe pas. J’ai été suicidaire à certains moments de ma vie, je sais de quoi on parle. Quand tu veux vraiment te suicider, tu n’as certainement pas besoin de quelqu’un pour t’encourager à le faire, quand même ! Et puis, cette personne qui aide l’autre à mourir, toute sa vie elle va y penser, non ? ». Marion est l’une des membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie. Agée de 81 ans, bénéficiaire du minimum vieillesse, elle témoigne dans le journal La Croix.
« Ce débat commence à me peser »
Huit personnes en situation de précarité ont été intégrées dans les citoyens tirés au sort. Depuis que son compagnon est mort d’un cancer il y a deux ans, Marion vit dans une résidence pour personnes âgées à Aubervilliers. « Dans ma résidence, les personnes âgées comme moi ne veulent pas entendre parler de la fin de vie », indique-t-elle. « Pour le dire franchement, j’ai même failli renoncer à participer à cette Convention. C’est difficile à expliquer, mais ce débat commence à me peser. Si encore je pouvais en discuter avec quelqu’un. » (cf. Fin de vie : « week-end difficile » à la convention citoyenne)
Marion vit difficilement la Convention. Et elle n’est pas la seule. « Ma copine Fatima, qui fait comme moi partie du groupe désigné par ATD Quart Monde, est très déprimée, témoigne-t-elle. Elle pleure souvent. Ça se comprend, analyse Marion, elle travaille comme aide auprès de personnes âgées et elle a l’impression qu’on veut se débarrasser de ces gens. » Même si elle pense « que ce n’est pas parce qu’on fait une loi sur l’euthanasie que tout le monde sera obligé de le faire », Marion juge « qu’il y a un risque que ces personnes se laissent influencer ».
Recommander les soins palliatifs « en grosses lettres rouges »
Des raisons pour lesquelles elle « pense que la meilleure solution est de faire des soins palliatifs pour tous ». « Il faudrait vraiment le marquer en grosses lettres rouges dans le document qu’on doit remettre au président Macron, souligne Marion. Au moins, il ne pourra pas dire qu’il ne l’a pas vu. »
Source : La Croix, Antoine d’Abbundo (17/03/2023) – Photo : Pixabay