Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Famille Chrétienne, l’essayiste Jean-Claude Guillebaud souligne l’importance des questions de bioéthique, "les plus importantes de toutes" dans la mesure où "elles touchent directement à l’humanité de l’homme".
Alors que la société s’aperçoit qu’elle ne peut vivre sans un minimum d’éthique, il appelle les hommes politiques à "moraliser" leur vie privée : "je continue à penser qu’un homme qui a des vices en privé ne peut avoir en même temps des vertus en public…Les Français attendent confusément que nos hommes politiques prennent cet engagement minimal." II dénonce "une nouvelle pudibonderie de type scientifique portée notamment par les techno-prophètes de la cyberculture" qui conduit nos sociétés à mépriser le corps humain et alerte sur le risque d’eugénisme de masse attaché à la pratique systématique du diagnostic prénatal (DPN). "Pour le citoyen lambda, l’eugénisme est une invention d’Hitler, note-t-il. Mais on oublie que l’eugénisme a d’abord été la pensée dominante des démocraties ! A commencer par les Etats-Unis au tout début du XX° siècle".
Il note également l’imposture de la théorie du gender "qui est déjà récusée dans sa version radicale, celle à laquelle nous accordons encore du crédit en France" et ce notamment par Judith Butler, qui fut pourtant une des têtes de file de cette pensée.
A l’approche de la campagne présidentielle, il constate que le débat bioéthique a été escamoté à chaque élection. "Mon sentiment, c’est qu’il ne pourra pas l’être éternellement. Tout simplement parce qu’on le prendra en pleine figure ! " affirme-t-il en notant que l’une des grandes urgences de 2012 sera pour le monde politique d’avoir à cœur de produire des argumentations claires en bioéthique.
Famille Chrétienne (Samuel Pruvot) 20/08/11