Le projet de loi “Hôpital, patients, santé, territoires” voté la semaine dernière autorise les sages-femmes à prescrire le RU 486. Cela permettrait “de faciliter l’accès à l’IVG en permettant un meilleur maillage des professionnels de santé pratiquant ces actes”, explique le rapport Poletti. Cette extension des missions de la sage-femme ne fait pourtant pas l’unanimité parmi les professionnels.
Si pour Chantal Birman, sage-femme à la maternité des Lilas (Seine-Saint-Denis), son travail “c’est de faire en sorte que la femme ressorte la plus grandie possible, qu’elle ait fait une IVG ou qu’elle ait gardé sa grossesse”, pour Cécile Demarset, sage-femme de la région de Tours, en revanche : “L’essence de notre profession, c’est pourtant de conduire vers la naissance, d’accueillir la vie”.
Olivia Déchelette, porte-parole du collectif “Sages-femmes de demain“, s’opposant à la prescription de la RU dans leur métier, estime qu’“on peut tout à fait accompagner les femmes sans pour autant détenir ce pouvoir de prescrire une IVG (…) C’est un retour en arrière. Avant la loi Veil, les sages-femmes étaient parfois traitées d’avorteuses et avaient du mal avec cette image. Aujourd’hui, on a l’impression que la loi vient leur recoller cette étiquette“.
“Le risque est de donner moins de prix à la vie”, s’inquiète de son côté Anne-Marie, étudiante en école de sage-femme.
Cette nouvelle disposition fait craindre par ailleurs un moindre investissement dans les autres compétences – multiples – du métier. “Pour nous qui sommes aux premières loges du don de la vie, n’est-il pas temps de privilégier notre action auprès des jeunes avant qu’ils ne soient confrontés à une grossesse non désirée?”, s’interroge Olivia Déchelette.
La Croix (Maryline Chaumont) 01/07/09