Après avoir étudié les effets de l’ibuprofène sur la fertilité des hommes[1] et sur les fœtus humains masculins[2], des chercheurs de l”Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) se sont penchés sur les effets délétères de la consommation d’ibuprofène pour les fœtus féminins. Ils ont ainsi montré qu’une prise d’ibuprofène pendant le premier trimestre de la grossesse réduit la réserve d’ovules présents dans les ovaires des fœtus. « A ce stade de la gestation, l’ovaire fabrique son stock d’ovules pour la vie » rappelle Séverine Mazaud-Guittot de l’Inserm à l’Université de Rennes.
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont utilisé des fragments d’ovaires de « 185 fœtus humains âgés de 7 à 12 semaines lors d’interruptions volontaires de grossesse subies par des femmes qui avaient donné leur consentement » et ont comparé l’évolution de ceux-ci en présence d’ibuprofène ou non. Au bout de sept jours d’exposition les fragments d’ovaires exposés avaient produit moitié moins de cellules que ceux servant de contrôle. La chercheuse tempère cependant : « On ne peut pas affirmer que cette réduction du nombre d’ovules dans l’ovaire fœtal aura des effets sur la fertilité à l’âge adulte, car il faudrait suivre ces femmes durant toute leur vie ».
L’ibuprofène est déjà contre-indiqué au troisième trimestre de la grossesse pour des risques de mort fœtale et déconseillé pendant toute la grossesse. Pourtant les femmes sont nombreuses à y avoir recours. « Notre étude vient corroborer les recommandations de ne pas utiliser l’ibuprofène durant les deux premiers trimestres de la grossesse » conclut Séverine Mazaud-Guittot.
Le Devoir (02/02/2018)