Le journal Le Monde consacre une interview à Michèle Ferrand, sociologue au CNRS et à l’INED sur la question des "mères tardives". Interrogée sur le rôle de la maîtrise de la procréation dans l’augmentation du nombre de "mères tardives", Michèle Ferrand explique que "la contraception, associée à la possibilité de recourir à un avortement, a permis aux femmes de mettre en place un calendrier des naissances". Elle souligne que l’on parle aujourd’hui de "norme contraceptive : pas de sexualité sans contraception, pas d’enfant sans programmation".
Elle estime que la contraception a "conforté l’idée que l’enfant, parce qu’il arrivait au bon moment, était un facteur incontournable d’épanouissement".De ce fait l’âge moyen du premier enfant est passé de 24 ans en 1974 à 29.6 ans aujourd’hui.
"Parce que l’enfant désiré doit être accueilli dans les meilleurs conditions, il faut parfois retarder sa venue pour mieux la préparer"’ explique t-elle.
L‘allongement des études et l’investissement professionnel des femmes ont aussi contribué à retarder l’arrivée des premiers enfants. Ainsi "le choix de l’avortement dépend de 2 facteurs : l’existence d’un couple et le moment de la trajectoire scolaire ou professionnelle. Les adolescentes "choisissent" d’autant plus l’avortement qu’elles sont impliqués dans leurs études et qu’elles ont un projet professionnel".
Pour illustrer ces propos, Le Monde donne le témoignage d’une femme de 46 ans maman d’une petite fille de 19 mois. Celle ci a avorté 2 fois à 28 et à 32 ans "parce que ce n’était pas le moment" explique t-elle. A 38 – 39 ans, elle estime avoir acquis une maturité affective et souhaite un enfant. Elle doit alors avoir recours à une procréation médicalement assistée. Après 2 inséminations artificielles elle donnera naissance à sa fille. Aujourd’hui elle s’interroge sur la question de l’âge et affirme "qu’honnêtement , il faut quand même dire aux femmes de ne pas s’y prendre si tard" .
Le Monde 04/07/05