Greffe de tête : une annonce controversée

Publié le 20 Jan, 2016

L’annonce est accueillie avec perplexité dans le milieu scientifique : le Docteur Sergio Canavero, neurochirurgien de l’Université de Turin, affirme avoir réalisé une greffe de tête chez le singe[1]. Celui-ci aurait conservé ses fonctions cérébrales et survécu 20 heures. Il compte poursuivre ses recherches et greffer une tête sur un corps chez l’homme en 2017, dans l’objectif de « donner un corps neuf (provenant d’une personne en état de mort cérébrale) à une personne tétraplégique, par exemple ». Le premier volontaire est un russe de 30 ans, atteint de la maladie de Werdnig-Hoffmann qui entraine la dégénérescence progressive des muscles.

 

Les résultats de cette « greffe de l’extrême » n’ont pour l’heure pas été publiés, ils ne sont par conséquent pas encore validés par la communauté scientifique. Nombre de scientifiques estiment que le Dr Canavero « brûle les étapes » et donne de « faux espoirs ».

 

Le Docteur Sergio Canavero avait présenté son projet en juin lors d’une conférence de l’Académie américaine de neurochirurgie. Cependant « le projet n’avait guère convaincu, tant les obstacles paraissent multiples ». Le point « crucial » d’une telle chirurgie consiste à « ressouder la moelle épinière sectionnée ». Il faut également rétablir rapidement la circulation sanguine dans le cerveau et les branchements du système nerveux.

 

Le rejet du greffon reste aussi un problème majeur. « Même si une telle greffe était possible, il faudrait utiliser tellement de médicaments pour empêcher un rejet de l’organe que le patient ne pourrait pas survivre bien longtemps, car à hautes doses, ces traitements sont toxiques », explique le bioéthicien Art Caplan du centre médical Langone à New York.

 

Ces travaux, largement critiqués du point de vue technique, posent également de nombreuses questions éthiques, car « l’opération créera une chimère porteuse de l’esprit du receveur mais qui engendrera la descendance du donneur ». « Qui serait le père d’un enfant éventuel ? Le donneur du corps ou le propriétaire de la tête ? ». Par ailleurs, greffera-t-on « un corps de 20 ans sur une tête de 80 » ?

 

[1] En collaboration avec l’équipe du professeur Xiao ping Ren (université médicale de Harbin, Chine).

 

Le Point (21/01/2016); Sciences et avenir (19/01/2016)

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