Forum européen de bioéthique : La sédation profonde, une euthanasie passive ?

Publié le 26 Jan, 2016

Hier après-midi, les participants du Forum européen de bioéthique ont assisté au “vis à vis” entre Régis Aubry, chef de service du département douleur et soins palliatifs du CHU de Besançon, président de l’observatoire national de la fin de vie, et membre du Comité
consultatif national d’éthique, et de Jacqueline Herremans, présidente de l’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) en Belgique.

La discussion, trop courte, n’a laissé que peu de place au débat et à la réflexion qui avait pour thème : « La sédation profonde : une euthanasie passive ? »  

 

Pour les deux intervenants, l’euthanasie et la sédation sont deux procédés totalement différents.

 

Jacqueline Herremans explique qu’en Belgique, l’euthanasie est un acte, qui répond à des conditions et par lequel un médecin met volontairement fin à la vie d’un patient qui le lui demande. Tandis que la sédation est un traitement proposé par le médecin et engagé lorsqu’on ne peut faire face à des douleurs, des souffrances trop fortes. Régis Aubry renchérit en affirmant qu’il n’y a pas de confusion possible entre ces deux actes, la sédation se faisant par le moyen d’antalgiques, et l’euthanasie par des produis létaux. 

 

En quelques minutes, les intervenants ferment la réflexion sur l’intention et les conséquences d’une sédation profonde. Ils déplacent le débat sur des préoccupations plus larges. Pourtant quelques formules de Madame Herremans, plaidant pour l’euthanasie, ne lassent pas d’interroger : « Ce que l’on vit avec la sédation c’est l’épuisement des proches […] il y a des réactions du corps qu’il faut expliquer à la famille qui subit le temps qui passe sans plus aucune communication ». Elle conclut : « Donc, quand on propose la sédation à la place de l’euthanasie, on se trompe ».  

 

Euthanasie, droit à la sédation profonde : un changement de culture 

Sans étonnement, Jacqueline Herremans déploie des arguments plus ou moins alambiqués pour justifier l’euthanasie. Elle ira jusqu’à dire : « L’euthanasie fait vivre », expliquant qu’une promesse d’euthanasie faite à une personne, lorsqu’elle remplira les conditions, peut lui permettre d’aller au plus loin dans sa maladie. Partisane d’une loi claire légalisant l’euthanasie, elle conclura son intervention critique à l’égard du législateur : « On a inventé le ‘laisser mourir’, et le ‘faire mourir’, mais ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ». 

 

Régis Aubry quant à lui réfléchit plus largement sur notre société. Pour lui, l’urgence est de s’interroger sur la « violence du maintien en vie de certaines personnes » dans notre société. Il enchaine pourtant rapidement en expliquant : « Il est très utile dans notre société d’avoir des personnes malades en vie, des personnes handicapées, des personnes âgées, vulnérables ». Ce sont eux qui nous interrogent sur le « sens de la vie ». Il insiste sur le fait que les lois modifient en profondeur la culture. Faisant référence à la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie, qu’il approuve, il considère que la France sort de la « culture paternaliste de la médecine ». Pour conclure, il alerte : « Attention à la solitude du patient et des médecins ».   

 

Pour aller plus loin au sujet de la sédation profonde : La sédation, une aide pour accompagner fin de vie ou un instrument pour y mettre un terme ?

 

 

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