Fin de vie : un nouveau groupe d’experts pour “travailler sur les mots”

2 Jan, 2023

Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé, a demandé à Erik Orsenna de rédiger un lexique des mots de la fin de vie.

« Nous avions besoin de définitions de certains mots accessibles et compréhensibles de tous les Français » explique la ministre (cf.  Fin de vie : que pensent les Français ?) qui lui a demandé de se pencher sur « le sens d’expressions telles que “suicide assisté”, “aide active à mourir”, “sédation profonde et continue” ».

Un groupe de dix experts

L’académicien a accepté, tout en s’entourant de neuf autres personnalités. A ses côtés, il y aura l’écrivain et sociologue Noëlle Châtelet, auteur de « La Dernière Leçon », la psychologue et psychanalyste Françoise Ellien, spécialiste des soins palliatifs, le sociologue Philippe Bataille, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, et Elsa Walter, auteur du livre « A vous, je peux le dire. Ecouter les mots de la fin ».

Le groupe sera aussi constitué de scientifiques : Franck Chauvin, professeur de santé publique et président du Haut Conseil de la santé publique, Alexandra Fourcade, médecin, élue municipale et départementale des Hauts-de-Seine, et Marc Magnet, ancien chef de service d’une unité de soins palliatifs. Il comptera enfin deux juristes : François Stasse, conseiller d’Etat et spécialiste du sujet de la fin de vie, ainsi que Martine Lombard, professeur émérite de droit public et auteur de « L’Ultime Demande. L’aide à mourir paisiblement, une liberté à notre portée ».

Elsa Walter, bénévole auprès de malades en fin de vie, sera, elle, porte-parole du groupe.

Même si « le pluralisme d’opinions a été un critère » d’après Agnès Firmin Le Bodo, certains membres, comme Martine Lombard ou Noëlle Châtelet, sont connus pour leur position en faveur de la légalisation de l’euthanasie. « Encore une instance verrouillée pour un simulacre de débat », dénonce l’avocat Erwan Le Morhedec.

« Apprivoiser les mots » ?

Outre l’étude du sens des mots, le groupe va aussi réfléchir au poids de certains termes qui suscitent « la peur » ou « le rejet ». « L’objectif affiché » par Agnès Firmin Le Bodo est « d’abord et avant tout, de travailler sur la peur de la mort en apprivoisant les mots qui l’entourent ».

Fin octobre, Emmanuel Macron avait confié après son entretien avec le Pape ne pas aimer « le mot d’euthanasie ». De même, Olivier Véran avait, lui aussi, indiqué au cours d’une émission que « le mot “euthanasie” n’est pas un joli mot. C’est un mot qui est connoté dans la langue française » (cf. Euthanasie : « ce n’est pas le mot qui est violent, c’est bien l’acte qu’il désigne »). « S’agit-il de changer les mots en plein débat ? », Erwan Le Morhedec.

L’objectif n’est pas d’imaginer un quelconque « flou sémantique » affirme François Stasse. Les dix experts vont travailler « en priorité pour les 183 participants de la convention citoyenne, non spécialistes de la fin de vie et dénués de culture médicale pour la plupart » ajoute-t-il.

« Le livrable sera rendu en février », avant la fin de la convention citoyenne sur la fin de vie, précise Agnès Firmin Le Bodo. Le groupe de réflexion s’est d’ailleurs déjà réuni une première fois le 12 décembre.

Source : Le Monde, Béatrice Jérôme (23/12/22) ; Twitter, Erwan Le Morhedec (23/12/2022)

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