La campagne présidentielle est l’occasion pour certains de proposer la légalisation de l’euthanasie. Dans la colonne Débats et Opinions du Figaro, Louis Puybasset, responsable du service neuro-réanimation chirurgicale à la Salpêtrière, Claude Evin, député PS de Loire-Atlantique et ancien ministre, Régis Aubry, ancien président de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs, Marie de Hennezel, psychanalyste et Jean Leonetti, député UMP des Alpes-Maritimes signent une lettre contre la course à la légalisation de l’euthanasie. Ils regrettent que la loi actuelle ne soit pas véritablement appliquée : "Une telle légalisation serait inutile et dangereuse (…). La loi fin de vie et droit des malades du 22 avril 2005 donne les clés de la résolution de la très grande majorité des difficultés rencontrées en fin de vie. Toute loi a pour vocation de poser des règles générales régissant la vie en société et non de résoudre des situations singulières, extrêmes et exceptionnelles".
Ils estiment que donner la mort n’est pas la bonne réponse à la souffrance de la fin de vie. "Légaliser l’euthanasie serait dangereux. Un dispositif qui donnerait la force de la loi à l’un pour tuer l’autre, fût-ce à sa demande, contient en lui-même des dérives inéluctables". Regardant les pays ayant légalisé l’euthanasie, ils en constatent les "dérapages : mise à disposition de "kit euthanasie" en pharmacie, euthanasie de patients dépressifs en Belgique et schizophrènes en Suisse, volonté d’élargir l’euthanasie aux patients "souffrants de la vie" aux Pays-Bas, dérives mercantiles en Suisse".
Et de conclure : "Croire que l’euthanasie légalisée règlera la question de la souffrance et de la mort relève de l’illusion(…). Nous verrons apparaitre d’autres souffrances, d’autant plus profondes qu’elles seront tues".
La candidate à la présidentielle, Ségolène Royal propose, dans son programme, de rédiger une loi sur l’euthanasie. "Dans le respect des personnes, il faut faire ce qu’ont fait d’autres pays européens" a-t-elle déclaré. Le programme du PS prévoit le vote d’une loi permettant "aux médecins" d’apporter "une aide active aux personnes en phase terminale de maladie incurable ou placées dans un état de dépendance qu’elles estiment incompatible avec leur dignité". Nicolas Sarkozy, lors d’un meeting le 11 février à la Mutualité, a évoqué une éventuelle dépénalisation de l’euthanasie (cf. synthèse de presse du 12/02/07).
Le Figaro 21/02/07 – Le Monde (Anne Chemin) 21/02/07